L'Idéologie du glaive : Préhistoire de la chevalerie Préface de Georges Duby Postface de Jean-Louis Kupper by Jean-Louis Kupper

L'Idéologie du glaive : Préhistoire de la chevalerie  Préface de Georges Duby  Postface de Jean-Louis Kupper by Jean-Louis Kupper

Auteur:Jean-Louis Kupper
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature
Éditeur: Librairie Droz


p. 100 Conclusion

Tout au long des IXe et Xe siècles nous avons vu se multiplier les prières et bénédictions sur les rois, les empereurs, les princes lors de leur élévation au pouvoir. Nous pouvons dégager de cette étude quelques lignes directrices.

1. Dès le VIIIe siècle l’Eglise tente d’assurer la protection des faibles en s’inspirant de la Bible et en transférant sur le roi ce devoir. Toutefois les prières sur les rois et les princes, aux VIIIe et IXe siècles ne comportent pas encore ces mentions. Seule la protection des biens de l’Eglise fait l’objet d’une déclaration royale.

2. Les ordines de couronnement et les bénédictions royales, aux vIIIe et IXe siècles, traduisent la préoccupation de l’Eglise d’assurer la paix face aux attaques des Sarrasins et des Normands. On souligne donc la fonction guerrière du roi : défense de la Patrie, protection des habitants du royaume contre les attaques des ennemis de la chrétienté.

3. A la même époque, vIIIe-Ixe siècle, l’Eglise insiste aussi sur un autre aspect de la fonction royale : assurer la paix à l’intérieur, et pour cela respecter les règles de la justice, bien gouverner selon les principes directeurs de l’Eglise. La paix intérieure ne peut s’obtenir que par l’équité, la fidélité, la modération, l’obéissance aux préceptes divins. L’éthique royale, alors, se confond avec l’éthique chrétienne. Les formules liturgiques rejoignent donc les autres sources qui présentent, nous l’avons vu, les mêmes caractères.

4. Il s’y ajoute cependant un autre élément : les troubles internes (changements de dynastie, problèmes de successions etc.) incitent l’Eglise à demander au nouveau roi la promesse de ne pas remettre en cause les privilèges acquis, de préserver une sorte de statu quo social. Il s’agit surtout des privilèges et des honneurs ecclésiastiques.

5. Dans le même temps, on rappelle au roi son devoir de générosité à l’égard des églises et des monastères. Il n’est pas seulement le protecteur de l’extérieur, il doit aussi être le consolidateur, le restaurateur de l’Eglise. Sa fonction est donc presque sacrée. Il aide l’Eglise dans sa mission de mener les hommes au salut. Il participe au ministère sacré des évêques. Là encore la liturgie rejoint les écrits des évêques, les miroirs des princes.

6. Au Xe siècle, les éléments moraux se multiplient et se généralisent. En France, en Angleterre, en Allemagne surtout de manière plus complète, apparaissent dans les ordines des mentions de plus en plus fréquentes d’une véritable éthique royale liée le plus souvent au pouvoir armé, pouvoir de justice, de défense et de coercition symbolisés par la remise de l’épée. Il s’agit surtout de la protection des églises et de ses serviteurs contre les ennemis externes, mais aussi p. 101 contre les déprédateurs de l’intérieur, les faux chrétiens. Le roi se doit de les punir. On recueille ici probablement l’écho des troubles internes de la société. Il n’est peut-être pas inutile de rappeler que la plupart des formules éthiques des couronnements royaux sont originaires de la Francie occidentale, même si ces formules se sont contituées en ordines pour les couronnements des rois allemands.



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