Le moghol blanc by William Dalrymple

Le moghol blanc by William Dalrymple

Auteur:William Dalrymple [Dalrymple, William]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Les Éditions Noir sur Blanc
Publié: 2012-09-06T03:00:00+00:00


Elphinstone ajoute que ce camp de toile était « fort bien tenu » : il sous-entend aussi qu’à la différence de la Résidence britannique – pavillon Qutb Shahi sis dans l’enceinte d’un ancien jardin d’agrément – ce cantonnement marquait l’irruption de la présence anglaise dans un paysage typiquement indien. Là, les deux jeunes gens firent leurs emplettes dans une boutique « européenne » (magasin vendant des denrées de luxe importées d’Europe), consultèrent un médecin européen (pour la blennorragie d’Elphinstone), assistèrent à une comédie anglaise dans un théâtre militaire de fortune en plein air. Ils allèrent également à la chasse (rapportant, semble-t-il, un hibou pour tout gibier), dansèrent aux bals du régiment, firent des paris et des parties de whist, de billard et de backgammon au mess des officiers 63. Ce cantonnement était en fait l’embryon de la future ville de Secundarabad, conurbation aussi étendue de nos jours que la cité jumelle d’Hyderabad. D’ailleurs, il se développait à un rythme accéléré : dix-huit mois plus tard, à l’automne 1804, il ressemblait déjà « à une véritable ville de la taille de Cawnpore 64 [important poste colonial du nord de l’Inde] ».

Ce cantonnement représentait un pouvoir rival, non seulement pour le nizam et sa cour, mais pour le Lord Resident James Kirkpatrick, dont l’influence sur l’armée était fluctuante. James se croyait sûrement – et non sans raison – à la tête de la communauté britannique d’Hyderabad, mais son autorité se heurtait à une résistance tacite de la part de ses anciens amis officiers. Après tout, il n’avait toujours que le modeste grade de major, alors que le commandant de la Force subsidiaire était lieutenant-colonel. En outre, dans certains bataillons, d’anciens collègues de James lui tenaient rigueur de son accession rapide à de si hautes et si lucratives fonctions diplomatiques au sein de la Compagnie, lui qui, huit ans plus tôt, leur avait laissé le souvenir d’un jeune lieutenant sans envergure, commandant d’un obscur fort tribal. Ils attribuaient son ascension spectaculaire moins à ses mérites qu’à l’influence de son demi-frère William. De surcroît, les multiples rumeurs sur son adoption de la tenue vestimentaire et des coutumes locales étaient tout aussi mal vécues, surtout par ceux de ses anciens collègues qui, naguère prisonniers de Tipu Sultan comme feu le colonel James Dalrymple, avaient vu nombre d’entre eux se convertir à l’islam et adopter la vêture du Deccan, le turban et les moustaches pour adoucir leur sort. Quelques-uns avaient même accepté d’initier les troupes de Tipu aux dernières techniques militaires venues d’Europe, en échange d’une épouse indienne de Mysore et d’un poste d’officier ou de sergent dans l’armée du sultan 65. Aussi les soldats du cantonnement avaient-ils tendance à considérer les islamophiles et les nouveaux convertis comme des traîtres, et l’intégration de James Kirkpatrick à la cour du nizam d’Hyderabad comme hautement suspecte.

Elphinstone et Strachey perçurent cette méfiance à l’encontre de James durant leur séjour avec Arthur Wellesley dans sa garnison de Srirangapatnam, où ils faisaient étape avant de rejoindre Hyderabad. Le futur duc de



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.