Les espions du Vatican by Yvonnick Denoël

Les espions du Vatican by Yvonnick Denoël

Auteur:Yvonnick Denoël [Denoël, Yvonnick]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Nouveau Monde
Publié: 2021-04-14T00:00:00+00:00


Qui a tué Moro ?

Sentant la fin proche et sans doute amer, Moro écrit une lettre où il annonce symboliquement démissionner de la DC. Le 5 mai, un communiqué des BR annonce que Moro a été exécuté. Dans sa dernière lettre à sa femme, Aldo Moro conclut : « Le pape a fait bien peu ; peut-être en aura-t-il quelque scrupule. » Contrairement à la volonté du défunt, une messe est célébrée par Paul VI en présence des hautes autorités de la République italienne et de la DC. La famille refuse d’y assister. Le pape apparaît visiblement éprouvé.

Il faut dire que le rapport présenté au pape sur les ratés de l’affaire Moro est à la fois troublant et accablant. Tout d’abord, il confirme que Moro dès le début de sa captivité lui a bien écrit une lettre… qu’il n’a jamais reçue : elle a été bloquée par Andreotti. Surtout, les collaborateurs de la curie qui ont pu interroger leurs sources dans la police et parmi les journalistes concluent que les services de police italiens ont accumulé les négligences. Par exemple : le 28 mars, un appel anonyme a fourni les noms de membres présumés du commando. Il faudra un mois pour commencer à mettre certains sous surveillance. La première perquisition aura lieu le 9 mai, jour de la mort de Moro, et permettra de découvrir des dossiers d’objectifs pour de futures opérations des BR. Autre épisode rocambolesque : le 18 mars, la police perquisitionne plusieurs appartements de la via Cassia, dont un où résident (on le saura plus tard) plusieurs membres de BR. L’appartement étant vide, elle ne va pas plus loin. Le même jour, la police perquisitionne des appartements censés abriter des brigadistes au 96 via Gradoli. Au 3e étage, personne ne répond aux coups de sonnette. Les policiers jugent l’appartement vide et ne vont pas plus loin, alors qu’une voisine a signalé qu’elle était dérangée la nuit par le fonctionnement d’une radio qui captait les messages de la police ! Comme le fera remarquer le juge Imposimato, « il y avait là de quoi intriguer le plus borné des policiers80 ». Si on avait mis sous surveillance cet appartement où les voisins entendaient « monter et descendre des inconnus », on aurait pu filer des brigadistes.

Une enquête sénatoriale révélera que cet immeuble abritait des brigadistes, mais aussi des policiers et des membres de services secrets, et qu’il était géré par une société ayant des liens avec ces services. Les brigadistes étaient-ils sous surveillance ? Et dans ce cas pourquoi ne les a-t-on pas filés jusqu’à la cache où était détenu Moro, via Montalcini ? Le juge Imposimato racontera une fois en retraite ce que le brigadier de la garde des finances Giovanni Ladu lui a confié en 2008 : cet immeuble aurait été placé sous surveillance par la police, notamment au moyen d’une caméra. En 2012, un ancien officier de l’armée confiera au juge avoir lui-même installé cette caméra. « Toute l’opération était dirigée par Giuseppe Santovito, chef des services secrets militaires, et Pietro Musumeci, secrétaire général des services secrets.



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