Histoire du terrorisme by Gilles Ferragu

Histoire du terrorisme by Gilles Ferragu

Auteur:Gilles Ferragu [Ferragu, Gilles]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Perrin
Publié: 2019-02-15T00:00:00+00:00


D E LA GUÉRILLA AU TERRORISME : LA J ORDANIE ,

E TAT - PARRAIN MALGRÉ ELLE ?

Le nationalisme palestinien est désormais l’affaire de révolutionnaires professionnels, mais les Palestiniens restent un peuple d’exilés, dispersés aux frontières d’Israël. A cet égard, la Jordanie – qui contrôle la Cisjordanie – figure comme une patrie de substitution, qui ne dédaigne pas de rentrer dans le jeu palestinien. Ainsi, c’est sous la houlette du roi Hussein que se constitue l’OLP, et son premier président, Ahmed Choukeiry, s’engage prudemment à ne pas revendiquer la Transjordanie pour une future entité palestinienne. Cependant, l’année suivante, en 1965, le même Choukeiry sollicite la tutelle de l’OLP sur les Palestiniens de Jordanie, une demande inacceptable pour la dynastie Hachémite. Entre l’Etat jordanien et les réfugiés palestiniens, les relations se tendent peu à peu. Le fait qu’une majorité de la population jordanienne soit composée de Palestiniens incite en effet les organisations palestiniennes – notamment le Fatah et le FPLP – à prendre leurs aises. Elles usent de la Jordanie comme d’une base arrière, notamment pour la logistique des détournements, voire envisagent une prise de pouvoir avec l’aide de la Syrie. Yasser Arafat appelle ouvertement au renversement de la monarchie, jugée traîtresse à la cause palestinienne, tandis que Georges Habache en dénonce la politique réactionnaire et proaméricaine. Le fait que la Jordanie tente, via le plan Rogers accepté en juillet 1970, de stabiliser (et pacifier) ses relations avec l’Etat hébreu renforce cet antagonisme, qui aboutit, le 1 er septembre 1970, à un attentat visant le roi Hussein. Il ne s’agit pas d’une première et le même Hussein, le 20 juillet 1951, était déjà témoin de l’assassinat de son grand-père et premier souverain de Jordanie, le roi Abdallah, un attentat commandité par le mufti de Jérusalem, Amin Al-Husseini, en réaction à l’annexion de 1948. La monarchie jordanienne est, dans une certaine mesure, traumatisée.



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