Les briseurs de tabous by Sébastien Fontenelle

Auteur:Sébastien Fontenelle [Fontenelle, Sébastien]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Essai, Littérature Française
ISBN: 9782707164346
Éditeur: La Découverte
Publié: 2012-11-15T03:00:00+00:00

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Note du chapitre

1. Jean BAUBÉROT, La Laïcité falsifiée, La Découverte, Paris, 2012.

La « grande peur des musulmans »

Le magazine Marianne, fondé en 1997 par les journalistes Jean-François Kahn et Maurice Szafran (qui en est aujourd’hui le président-directeur général), occupe dans le paysage de la presse française une place un peu à part puisque, en même temps qu’on y dénonce comme ailleurs la « bien-pensance », on s’y pique, aussi, d’être souvent moins suiviste que la concurrence, et de ne pas tomber dans les facilités où elle se commet. Mais, certaines fois, cette différence peut mettre un peu de temps à s’imposer.

Au mois de janvier 2010, cet hebdomadaire publie, en complément d’un dossier consacré à la « grande peur des musulmans de France », qui « se sentent stigmatisés », un long article de son P-DG, qui souhaite faire quelques « mises au point » sur l’« islam ». Dans le début de cet exercice, Maurice Szafran dénonce, à très juste titre, le « fameux débat » sur l’identité nationale « lancé » l’année d’avant « par Nicolas Sarkozy » et son ministre Éric Besson, qui s’est, rappelle-t-il, « résumé en une mise en cause, le plus souvent violente, absurde, dangereuse et caricaturale, des musulmans » qui, « dans toutes leurs composantes, avec toutes leurs différences, au-delà de leurs antagonismes et de leurs divergences, ont eu soudain le sentiment d’être mis en accusation ». En vérité, bien plus que d’un « sentiment », c’est d’une certitude qu’il faudrait parler. En effet, les musulmans ne « se sentent » pas stigmatisés : ils le sont. Car le débat voulu par la droite gouvernementale s’est bel et bien réduit, comme l’avaient pronostiqué nombre d’observateurs (jusques et y compris dans les colonnes de Marianne), à une — nouvelle — fustigation de leur religion. Cependant, cette attaque n’était pas si soudaine (et si inédite) que ne le dit le directeur de Marianne, qui néglige là que c’est en réalité (et dans le meilleur des cas) depuis le début du nouveau siècle que l’islam est en France, et dans tout l’Occident, la cible de mises en cause violentes, absurdes, dangereuses et caricaturales, et que la presse dominante, où sa critique est devenue une discipline à part entière, l’accable de très longue date déjà de ses assiduités. Pour autant, et à ces (importantes) précisions près, il est parfaitement exact que la « démarche pernicieuse adoptée par le pouvoir sarkozyste », lorsqu’il organise d’incessants débats anxiogènes, constitue, comme le souligne Maurice Szafran, une « détestable […] politique du bouc émissaire ». Le problème vient de ce que ce journaliste, qui refuse de « s’en tenir à ce premier constat », se plaint ensuite de ce qu’« une poignée d’observateurs [et] de commentateurs, musulmans ou non, ne manquent pas, du coup, d’accuser le peuple français de racisme anti-arabe, remarquant que la peur du terrorisme islamiste renforce un sentiment qui n’a jamais disparu depuis la fin de la guerre d’Algérie ». D’après lui, en effet, ces reproches sont

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