Dans la nuit de Daech : Confession d'une repentie (2016) by Kasiki Sophie

Dans la nuit de Daech : Confession d'une repentie (2016) by Kasiki Sophie

Auteur:Kasiki, Sophie [Kasiki, Sophie]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: ROBERT LAFFONT/BOUQUINS/SEGHER
Publié: 2016-01-06T23:00:00+00:00


Ce soir, Idriss entre seul. Il tend sa paume à Hugo pour qu’il la tape, mais à nouveau le petit garde les mains dans le dos.

« Allez, viens, Hugo, t’es mon copain, on va jouer à la bagarre.

— Non, t’es pas mon copain, répond Hugo, braqué.

— T’es trop protectrice avec ton fils, tu l’empêches de grandir, me lance Idriss, mécontent.

— Tu oublies la relation que tu avais avec ta mère. Vous oubliez qui vous êtes ! »

J’insiste pour qu’on me conduise à l’hôpital. J’ai beaucoup maigri, je pense qu’ils commencent à mesurer que je suis en mauvaise santé. Ils proposent de m’emmener à l’hôpital de Daech. Je m’insurge : pas question que je mette les pieds là-bas. On doit crever de maladie nosocomiale plus sûrement qu’autre chose. Je veux aller dans une clinique privée dont j’ai entendu parler. Là-bas, me dis-je, je trouverai bien le moyen de parler à quelqu’un et de demander de l’aide.

Après quelques jours de réflexion où ils sollicitent, j’imagine, l’autorisation d’un supérieur, ils acceptent. Je me concentre : je suis certaine de tenir ma chance, mais il va falloir jouer serré.

Arrivée dans la salle d’attente, sous la garde rapprochée de Mohammed, qui porte son arme, je suis frappée par l’atmosphère qui règne. Ici, des hommes et des femmes vont et viennent, travaillent de concert et échangent à visage découvert, sans la moindre gêne. Cette scène parfaitement naturelle, cette atmosphère dans laquelle j’ai grandi, me frappe par son caractère exceptionnel. Le fait que les dignitaires de Daech tolèrent cet endroit prouve qu’ils n’ont pas tellement envie, eux non plus, d’aller se faire charcuter dans leur hôpital public…

J’ai l’impression de respirer à nouveau. Mais la présence de Mohammed, qui est comme mon ombre, m’empêche de me détendre. Je dévisage les secrétaires, les médecins, les infirmières, pour qu’ils perçoivent, dans mes yeux, mon appel au secours. Mais j’imagine que je ne suis pas la seule femme en détresse, et peut-être savent-ils qu’ils ne peuvent rien pour moi.

J’attends mon tour, pleine d’espérance. Quand on m’appelle pour la consultation, Mohammed se lève et s’apprête à me suivre.

Avant que j’aie le temps de m’insurger, le médecin l’arrête. « Les consultations se déroulent en privé.

— Je resterai à la porte, dit Mohammed. C’est la condition.

— Vous acceptez ? » me demande le médecin.

Je baisse la tête. D’accord, essayons. Peut-être que j’arriverai à lui chuchoter quelques mots. Il m’examine derrière un paravent ; je suis douloureusement consciente de la présence de Mohammed à quelques mètres à peine, qui tient Hugo par la main. Comment faire comprendre au médecin ? Il me regarde avec tellement de gentillesse, il m’aiderait j’en suis certaine.

Le voilà qui remet son stéthoscope autour de son cou, il commence à s’éloigner en gribouillant rapidement une ordonnance. Il est parti.

Je me rhabille sans plus aucune énergie. Je récupère l’ordonnance à l’accueil et règle le prix de la consultation.

Après ce jour, les garçons me laisseront retourner à quatre reprises à la clinique, dont une fois seule, et j’en profiterai pour rappeler Julien. On



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