Les mains vides by Varesi Valerio

Les mains vides by Varesi Valerio

Auteur:Varesi, Valerio [Varesi, Valerio]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Agullo
Publié: 2019-04-03T22:00:00+00:00


10

Une fois sur le trottoir de la via Repubblica, Soneri regarda sa montre et vit qu’il ferait nuit dans une heure. Il contempla le ciel et son voilage uniforme rougi par le soleil couchant au-dessus du clocher du palazzo del Governatore, traversa la place et emprunta la via Mazzini jusqu’au ponte di Mezzo pour passer le torrent. Il se laissa ensuite guider par la descente jusqu’à la statue de Corridoni, tourna à gauche et pénétra dans le quartier de l’Oltretorrente. L’usine de maroquinerie ayant appartenu à Gerlanda se trouvait juste avant la barrière qui marquait la fin du centre, tout au bout de la via Bixio : le bâtiment de briques, d’un rouge cotechino 1, jurait avec la demi-teinte couleur paille typique de la ville et semblait, au milieu des immeubles éclatants et refaits à neuf, aussi incongru qu’une météorite. Il traversa la rue et franchit la grille entre les deux piliers de ciment juste au moment où une voiture sortait. Il dut se pousser pour la laisser passer et, quand elle tourna via Bixio, Soneri reconnut De Angelis au volant. Sans lui laisser le temps de lui faire signe, l’autre accéléra et disparut à travers les immeubles.

Il essaya vainement de trouver un lien entre l’apparition de l’associé de Galluzzo et la vente des terrains de l’usine : au lieu de confirmer une hypothèse, chaque élément nouveau divergeait et faisait naître d’autres scénarios. Le questeur avait beau avoir fait un résumé global aux journalistes avec de belles paroles fleuries spécial conférence de presse, du genre : « enquête à trois cent soixante degrés », Soneri connaissait la réalité et celle-ci suffisait à le rendre de mauvaise humeur.

Par chance, un type aux cheveux blancs mi-longs sortit des locaux de l’usine et le tira de ses pensées. Soneri l’observa pendant qu’il s’approchait : sa chevelure évoquait le vent même si l’air ne remuait plus depuis des jours.

« Cavatorta ? » hasarda le commissaire.

L’autre s’arrêta à quelques pas et acquiesça d’un regard méfiant.

« Pourquoi ?

— Je suis Soneri, de la Questure, je voudrais vous parler.

— Je ne vois pas ce qu’il y a à dire », répondit l’homme, peu amène.

Il s’était légèrement tourné sur le côté, déjà prêt à repartir.

« Pas mal de choses, au contraire… rectifia le commissaire. Mais quelques-unes me suffiraient, pour le moment. »

Cavatorta se détendit et se résigna à l’écouter. Il regarda alors le commissaire en lui faisant signe qu’il pouvait commencer.

« Où en sont vos relations avec Gerlanda ? »

L’homme se figea un instant et exprima la même interrogation méfiante du début de son interpellation. Il haussa les épaules quelques secondes avant de répondre :

« On vient de se séparer.

— Vous vous êtes quittés en mauvais termes ?

— Je ne voulais pas vendre, bougonna Cavatorta.

— Vous vouliez attendre que la surface soit valorisée par le plan d’urbanisme ? »

Nouveau haussement d’épaules.

« Si y avait eu que moi, j’aurais continué à travailler.

— Vous saviez pertinemment que c’était Gerlanda qui faisait tenir l’usine en obligeant ses clients à vous acheter des lots de marchandise », affirma Soneri.



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