Les chemins de toile by Josette Boudou

Les chemins de toile by Josette Boudou

Auteur:Josette Boudou [Boudou, Josette]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fiction
ISBN: 9782812934285
Éditeur: Editions De Borée
Publié: 2007-01-29T23:00:00+00:00


XV.

Le drame

Les jours, les semaines passaient. Victoire n’avait pu se résoudre à partager le secret de la lettre anonyme. Avec le temps, elle s’était persuadée qu’il s’agissait seulement de malveillance. Le mystérieux auteur de ce courrier ne se manifestait plus, aussi se disait-elle que le mieux à faire était de l’oublier.

Romain avait accepté de rencontrer les parents de Sylvie après le plaidoyer de Gabriel. À l’entendre, la jeune fille était parée de toutes les qualités. Leurs fiançailles célébrées, les jeunes gens envisageaient le mariage pour le printemps de 1935.

André Puézac exploitait une scierie proche de Grignat. Sa femme, Noémie, et sa fille s’approvisionnaient surtout dans la petite ville ; les Puézac et les Lacaze ne se connaissaient que de nom. Après la demande de Gabriel, Victoire invita sa future belle-fille et ses parents un dimanche de juillet. Armand, le plus jeune des Puézac, se destinait au métier de charpentier ; son père l’avait envoyé en apprentissage à Riom-ès-Montagne.

– Mon fils a passé toute son enfance à la scierie et le bois n’a aucun secret pour lui, confia André. Malgré ses seize ans, il en remontrerait à bien des quadragénaires, c’est sûr !

Flora et Sylvie s’étaient retrouvées avec plaisir. La sympathie née entre les deux jeunes filles se changeait déjà en affection. Flora se réjouissait sincèrement du bonheur de son frère. Pour elle et Bastien, il n’y aurait pas de fiançailles en famille. Quant à la noce… Elle chassa en hâte les idées sombres et réussit à donner le change, offrant l’image d’une sœur aimante, attentive, aimable envers tous. Si bien qu’au dessert, le père de Sylvie s’exclama :

– C’est bien dommage que notre fils n’ait pas quelques années de plus, sinon je vous l’aurais présenté, mademoiselle Flora !

On fixa la date des fiançailles au premier samedi de septembre, six à sept semaines avant le départ des toiliers.

– Dis-moi un peu, Gabriel, Armand ne reprendra pas la scierie, c’est certain. Si tu venais y travailler ? Tu ne serais pas obligé de quitter ta femme pour plusieurs mois. Pour le négoce de la toile, ton père a un autre fils, alors je m’étais dit…

Un silence général répondit seul à l’offre d’André. Victoire jeta un coup d’œil à la dérobée vers son mari. L’air sombre, le visage fermé, il regardait ailleurs. Catherine se retint à temps d’intervenir ; il ne serait pas dit qu’elle serait la première à désobliger le futur beau-père de Gabriel. Comme le silence se prolongeait et devenait embarrassant, le jeune homme voulut dissiper la gêne.

– J’avoue que je n’ai jamais envisagé de changer de métier, vous me prenez de court… Je regrette, mais je dois vous dire non.

– Eh bien n’en parlons plus ! jeta André qui réalisait sa bévue. Je disais ça… Mais si ma fille s’accommode de ta situation, je n’ai rien à y voir. Elle ne sera pas la seule à passer l’hiver sans son mari ! Chez nous, c’est une coutume qui remonte à loin, pas vrai ? Vous êtes majeurs tous les deux et capables de décider de votre vie.



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