Les agents du paradis by Maxime Delamare

Les agents du paradis by Maxime Delamare

Auteur:Maxime Delamare [Delamare, Maxime]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: Gallimard - Série Noire
Publié: 1967-01-02T00:00:00+00:00


CHAPITRE VIII

— Oui, reprit-il d’un ton pénétré, une très longue histoire – si longue que je ne peux vous en donner que les grandes lignes. Et encore, parce que c’est vous. Je veux dire : parce que vous devez être au courant d’un certain nombre d’éléments pour continuer à nous être utile.

Sur cette déclaration qui, au moins, ne péchait pas par hypocrisie, il fit une pause d’un instant, puis reprit :

— L’idée première, ce sont deux Français qui l’ont eue ; et ils ont alors cherché des commanditaires pour l’exploiter. Un drôle d’assemblage, d’ailleurs… Un enseignait la Philosophie dans un lycée de province – un type curieux, un peu illuminé sur les bords, un peu cynique aussi, paradoxal, hein ? Mais astucieux : c’est à lui que sont dues les bases « psychologiques », il raffolait de ce mot, de notre organisation. Son copain, c’était plutôt le niveau en dessous, un margoulin pas de grande classe et qui avait eu des ennuis… Son travail, à lui, consistait à trouver des commanditaires, comme je viens de vous le dire, en cherchant parmi les relations qu’il s’était faites en son beau temps. Et pour leur malheur, à eux deux, il y avait réussi.

Jordan s’étonna :

— Leur malheur…

— Eh oui, c’est que nos deux bonshommes, au fond, n’étaient que de petits bourgeois, pas du tout préparés à une aventure pareille… Courageux mais pas téméraires, vous voyez le genre… L’affaire, ils l’avaient imaginée de façon assez différente de celle dont elle s’est finalement développée, ils auraient voulu qu’on ne prenne aucun risque, qu’on reste dans la légalité, pour ainsi dire. Vous vous rendez compte – rester dans la légalité tout en kidnappant des gars et en les faisant chanter ! Bref, ils nous ont vite cassé les oreilles, protestant qu’on avait déformé leur idée initiale, nous traitant de gangsters… Et c’est devenu pire encore quand nous avons eu des… des ratés.

Le esdec questionna à nouveau :

— Tiens, des ratés ? Quel genre ?

— Euh, ma foi… N’est-ce pas, au début, nos opérations n’ont pas toujours marché comme sur des roulettes : nos principes et nos plans d’exécution étaient excellents, oui – en théorie ; mais en fait, ça manquait de rodage, et il y a eu quelques échecs… Des clients récalcitrants que nous n’avons pu convaincre qu’ils étaient morts, qui nous ont ri au nez quand on leur a parlé du monde des Esprits, qui ont exigé qu’on arrête sur l’heure cette plaisanterie… Impossible, vous le comprenez aisément, de les relâcher : ils auraient été porter plainte – et la combine coulait à pic. Il a donc fallu les faire disparaître en douceur et, alors, nos deux Français ont perdu la tête, ils ont décidé de retirer leurs billes et d’aller d’eux-mêmes se constituer prisonniers à la police. Et, bien sûr, nous avons dû agir…

Sous le regard noir que lui jeta Jordan, il précisa vertueusement :

— Ah ! non, n’allez pas croire que nous les avons…, que nous nous sommes débarrassés d’eux par intérêt,



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