Le vent en parle encore (French Edition) by Jean Michel & Jean Michel

Le vent en parle encore (French Edition) by Jean Michel & Jean Michel

Auteur:Jean, Michel & Jean, Michel [Jean, Michel]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Libre Expression
Publié: 2013-09-12T00:00:00+00:00


16

Les rats dans le noir

Fort George

Virginie frissonne. Elle a beau se rouler en boule, elle n’arrive pas à se réchauffer. Elle se demande ce qui l’effraie le plus, le froid mordant ou l’obscurité quasi totale dans laquelle elle est plongée.

L’immeuble craque de toute part. Elle entend les pas des élèves qui résonnent sur le parquet. Quelquefois, elle saisit une voix ou perçoit des mouvements autour d’elle.

Les rats. Elle les déteste. Elle n’a jamais vu un animal pareil dans la forêt. Le rat est une bête de la ville. Au début, ils se tenaient loin d’elle, se cachaient comme ils le font en temps normal. Maintenant, ils savent qu’elle ne représente pas une menace. Elle pourrait être une proie. Les rats rôdent autour d’elle. Ils s’approchent à quelques pas d’elle, la hument à distance. Ils la jaugent. Ils attendent qu’elle dorme. Virginie voudrait se lever pour les faire fuir. Mais le plafond trop bas ne lui permet pas de se tenir debout. Pour marcher, elle doit être accroupie.

L’humidité est insupportable dans la cave, et le froid la transperce. Elle ne sait plus depuis combien de temps elle est là. Ni jusqu’à quand elle y restera. La sœur l’a enfermée en guise de punition parce qu’elle a osé la défier. Virginie ne voulait pas. Elle essaie de passer inaperçue. Elle veut juste survivre et sortir de Fort George au plus vite. Quitter cette île maudite pour retrouver sa forêt.

Mais c’était plus fort qu’elle. La sœur s’est mise en colère contre Marie encore une fois.

« Tu ne comprends rien ? » lui a-t-elle crié.

La sœur sait que Marie se fige quand on lui pose des questions devant toute la classe. Elle fait exprès pour l’humilier. Virginie la déteste pour ça.

La main de la sœur a volé et a frappé Marie derrière la tête.

« Tu n’écoutes pas ? »

Marie n’a rien dit. Elle avait peur. La sœur l’a frappée au visage. Un coup sec qui a laissé une empreinte rose.

« Je vais faire rentrer la matière de force, a-t-elle lancé d’une voix emplie de colère. Je vais la pousser jusqu’au fond de ton gros crâne de sauvage ! »

Les coups ont commencé à pleuvoir. Marie regardait Virginie, et celle-ci voyait la terreur dans ses yeux. Des larmes coulaient sur son visage. Mais la religieuse était insensible à sa douleur. Elle a continué à frapper. Marie est tombée par terre. La sœur s’est penchée sur elle.

« Debout, grosse paresseuse ! a-t-elle hurlé, les yeux injectés de sang. Debout, espèce de sauvage ! »

Au moment où la femme en costume noir s’apprêtait à frapper du pied l’enfant effondrée, elle a senti une main saisir son cou et le serrer. Puis elle s’est sentie projetée en avant. Elle a heurté le mur et s’est s’écroulée sur le plancher. Hébétée, la religieuse a regardé autour d’elle en se demandant qui avait osé. Humiliée, elle trépignait de colère.

Virginie se tenait entre elle et Marie, le corps raide, les poings serrés, prête à bondir, la rage durcissant ses traits.

« C’est vous, la sauvage », a sifflé Virginie sans desserrer les dents.



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