Le Maire et les barbares by Eve Szeftel

Auteur:Eve Szeftel
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Albin Michel
Publié: 2020-01-25T06:15:14+00:00

Sans rentrer dans le détail de cette affaire, la Cour des comptes s’étonne qu’aucune procédure disciplinaire n’ait été engagée contre Mehdi Maalem, qui a simplement été suspendu pendant quelque temps de ses fonctions. Les mauvaises langues disent que « Thon », un surnom qui lui vient d’un amour immodéré pour les sandwichs au thon, aurait profité de son temps libre pour se faire poser un anneau gastrique. Aux frais de son employeur ? À Bobigny, pour paraphraser Mandela, « cela semble toujours impossible, jusqu’à ce qu’ils le fassent ». Aux dernières nouvelles, Mehdi Maalem était toujours employé municipal, mais la DRH a jugé plus prudent de lui retirer la gestion du garage ; elle l’a affecté à l’événementiel. En espérant qu’au vu de ses fréquentations, il ne fera pas de nouveau le buzz !

Pour l’ancien de la BAC qui a longtemps été en poste à Bobigny, le cas de ce chargé de mission « transports » n’est pas isolé, la mairie et ses satellites sont « gangrénés » : « En 2017, on repère une Mercedes avec un impact de balle ; on relève la plaque, on consulte le fichier des immat’ et, oh, surprise, elle appartient au club de foot ! » Une autre fois, son équipe avise une voiture municipale, identifiable à son inscription « Bobigny-Grand Paris », stationnée dans le quartier de l’Abreuvoir. Vu l’heure tardive, les baqueux décident de fouiller la voiture : « On a trouvé quatre ou cinq portables : c’était clairement pour le biz ! »

En parlant de voitures, la commune a fait des progrès en ce qui concerne le « suivi des avantages en nature » et le « contrôle des consommations de carburant des agents disposant d’un véhicule de service », constate la CRC. C’est d’ailleurs le seul bon point qui lui est décerné. Il était temps : les relevés des treize cartes d’essence attribuées à l’état-major municipal avaient montré qu’un suivi s’imposait. À en juger par ses prises de carburant, le maire de Bobigny a profité de la voiture mise gracieusement à sa disposition pour faire quelques escapades dans les Deux-Sèvres, en Charente-Maritime et dans le Puy-de-Dôme. Ses collègues ne sont pas en reste : Mahamadou Niakaté s’est promené du côté de Montpellier et Grenoble, Rabih H. ayant, lui, mis le cap encore plus au sud (Antibes, Biarritz et Toulouse). Kianoush Moghadam, Mehdi Maalem et Mickaël Alves avaient visiblement l’habitude de prendre de l’essence à Ressons-sur-Matz, dans l’Oise, une station en bordure de l’A1. Une voiture du centre communal d’action sociale a même été signalée à Angoulême, où le premier adjoint a travaillé pendant dix ans avant de rejoindre Drancy.

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