Le dossier K by Gérard de Villiers

Auteur:Gérard de Villiers [Villiers, Gérard de]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Espionnage, SAS
ISBN: 9782360534197
Google: 5wkuUx-hTOsC
Éditeur: Gérard de Villiers
Publié: 2006-04-04T14:29:46+00:00

– Vous ne pouvez compter sur personne, ici à Belgrade, annonça calmement Vladimir Djorgevic. Ni sur le BIA, ni sur la police, et surtout pas sur les autorités politiques, qui sont traumatisées sur ce sujet. Cela va être très difficile...

La terrasse du café où ils se trouvaient était noire de monde. Les Belgradois adoraient rester des heures devant un expresso à regarder les jolies femmes.

– Si j’arrive à rencontrer Radovan Karadzic, je ne vais quand même pas le laisser repartir sans rien faire...

Vladimir Djorgevic secoua la tête.

– Je ne suis pas certain que vous le rencontriez. Ce Borislav Lukic essayera de vous enfumer. Ce n’est qu’un simple « soldat » de l’organisation. Il n’a pas le poids nécessaire pour organiser ce genre de rencontre.

– O.K., fit Malko, mais je suis obligé de faire comme si. De prévoir ce que je pourrais faire, après. Vous avez une idée ?

Vladimir Djorgevic ôta ses grosses lunettes carrées et lui jeta un regard en coin.

– Oui. Si vous localisez réellement Radovan Karadzic, ne prenez pas de risques. Faites venir des gens de Tuzla et liquidez-le sur place. C’est la meilleure solution.

Il conseillait froidement d’assassiner l’ancien leader de la Republika Srpska... Malko secoua la tête.

– Ce n’est pas la solution demandée par la Maison Blanche. Ils veulent le voir à La Haye.

– Les Américains rêvent ! soupira le Serbe. De toute façon, il y aura de la casse. Il n’est pas tout seul, forcément. Mais, en admettant que vous neutralisiez sa garde personnelle, au plus huit hommes, il faudra le sortir de Belgrade et, ensuite, du pays. En évitant le Monténégro et la Bosnie où il pourrait y avoir des réactions.

– En avion, à partir d’ici ?

Il pensait à la façon dont la CIA avait exfiltré de Roumanie un terroriste irakien, quelques mois plus tôt. Avec un jet privé civil...

De nouveau, Vladimir Djorgevic ne manifesta pas un enthousiaste débordant.

– Pour exfiltrer Radovan Karadzic de Serbie, fit-il, il vous faut un feu vert politique. Kostunica ne vous le donnera pas.

– Comment ! s’insurgea Malko. Si Carla Del Ponte lui confirme que Karadzic est localisé à Belgrade, il refusera de le livrer ?

Le Serbe sourit. Tristement.

– Il ne refusera pas, bien sûr. C’est impossible, cela mettrait la Serbie au ban des nations, mais il s’arrangera pour que l’opération foire. Ou que Karadzic soit abattu.

– Abattu ?

– Oui. Beaucoup de gens, ici, n’ont pas envie qu’il parle de ses liens avec la Serbie. S’il est tué au cours de son exfiltration, cela arrangera tout le monde : on en fait un martyr, on fait porter le chapeau de sa mort aux Américains et tout le monde est tranquille, les morts étant peu bavards de nature...

Le garçon leur apporta un second café accompagné du traditionnel morceau de loukoum, souvenir de l’occupation ottomane.

Malko regarda la rue piétonne, grouillante de monde, les femmes sexy, cette ville qui semblait normale et qui ne l’était pas.

– Il n’est pas question de liquider Radovan Karadzic, conclut-il. Si on ne peut pas l’exfiltrer officiellement, on pourrait y arriver clandestinement.

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