Le dernier salut de l'amazone by Véronique CHAUVY

Le dernier salut de l'amazone by Véronique CHAUVY

Auteur:Véronique CHAUVY
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2020-03-12T00:00:00+00:00


XVI

Jenny n’oubliait pas l’envie qu’elle avait de découvrir l’élevage des Loubeyre, depuis cette première rencontre avec Frédéric et son père lors d’une répétition. Elle se souvenait de la façon désinvolte dont Mathieu avait commenté le numéro au terme duquel elle se renversait sur Csárdás. « C’est pas mal, ce truc-là… » Quelle impertinence ! Le regard direct de l’homme aurait pu le faire cataloguer au rang des rustres indignes de mériter son attention, mais elle avait senti chez lui une connaissance profonde et passionnée des chevaux. Elle eut conscience, et cela lui arracha un sourire, d’avoir quasiment soutiré l’accord de Mathieu quand elle avait évoqué son souhait d’aller lui rendre visite. Oscar, lui, boudait l’invitation. Découvrir une ferme développant une race de petits chevaux rustiques l’indifférait au plus haut point. Comme il eût jugé incongru que sa femme s’y rendît seule, elle mit au point son projet sans lui en référer. Après avoir écrit un billet à Mathieu pour s’entendre sur un après-midi où Oscar devait voyager à Lyon pour affaires, elle loua un phaéton et sortit de Clermont en direction du puy de Dôme. Le chemin qui menait à la ferme des Loubeyre, indiqué par Frédéric, avait été creusé de sillons épais par des attelages plus adaptés au terrain, et elle craignit un moment que son véhicule hippomobile, doté de roues fines et hautes, ne verse dans le fossé.

Percevant l’écho de son arrivée, Mathieu sortit sur le perron et découvrit la voiture dont Jenny immobilisait les chevaux. Tout en tenant les rênes qu’elle lui confia, il l’aida à descendre. Sa main gantée dans sa paume lui parut à la fois fine et dépourvue de mollesse. Jenny lui sembla, dans sa veste longue cintrée, bien plus jeune que sous les lumières artificielles du cirque. Il ne lui donnait pas plus de vingt-deux ou vingt-trois ans. Elle promenait un œil émerveillé sur le paysage, qui se fixa, perçant, sur les troupeaux qui paissaient dans les champs.

– Ce sont vos chevaux ? On peut aller les voir de plus près ?

D’un signe de la main, il la guida vers les pâturages en contrebas. Le visage rayonnant comme celui d’un enfant, elle s’approcha d’une clôture, appela un animal d’un claquement de langue. Le cheval leva ses yeux luisants vers elle puis, comme elle lui tendait une poignée d’herbe arrachée à terre, il finit par s’avancer, bientôt imité par deux autres. Elle leur flatta l’encolure, riant de les voir si familiers.

– Braves bêtes… disait-elle. Mes jolis, comme vous êtes beaux !

Puis elle se tourna vers Mathieu :

– Alors, voilà les chevaux d’Auvergne ? Ils sont dotés d’une très belle robe baie, avec des tons cuivrés pour certains d’entre eux. Et ce museau plus clair, c’est une particularité, n’est-ce pas ? Il tire sur le roux et, chez certains, l’extrémité est blanche vers les lèvres…

– Le nez de renard, oui, c’est une caractéristique. C’est un bon petit cheval, doux et obéissant. Et résistant et costaud, c’est important.

Elle se recula, jaugeant leur taille.

– Ce n’est évidemment pas la même stature que les vôtres, fit remarquer Mathieu.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.