Le Cercle de la Rose Blanche by V.S. Alexander

Auteur:V.S. Alexander [Alexander, V.S. & V.S. Alexander]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: City Éditions
Publié: 2022-04-06T06:50:18+00:00

10

Aucun membre de La Rose blanche ne savait ce que Hans et Sophie avaient prévu pour le 18 février 1943. Ni Alex, ni Willi, et, bien sûr, ni Lisa ni moi.

Quand j’y repensai, plus tard, la décision de déposer des tracts à l’université me sembla déraisonnable, née d’une jeunesse impétueuse, un acte d’orgueil démesuré, de suffisance ayant mal tourné, mais j’essayai de m’expliquer leurs actions par le raisonnement de Hans et de Sophie. La Rose blanche avait réussi à échapper aux autorités, mais Hans savait qu’il était suivi et il se doutait peut-être que le temps manquait. Peut-être était-ce pour cette raison que lui et sa sœur étaient à ce point résolus à ne pas mêler d’autres personnes à la distribution des derniers tracts imprimés.

Avant ce jour fatidique, Alex m’avait dit que lui et les autres hommes étaient ressortis deux autres nuits pour peindre des slogans dans les rues de Munich, y compris À bas Hitler sur la Feldherrnhalle, comme Hans l’avait suggéré la nuit où je les avais accompagnés. Comment ils y étaient parvenus, malgré la présence des gardes qui surveillaient le lieu de pèlerinage nazi, je n’en sus jamais rien, car les événements du 18 février vinrent contrecarrer nos projets.

Un soleil chaud m’accueillit ce matin-là quand je sortis de chez moi. Katze avait sauté sur le rebord de la fenêtre, comme il le faisait généralement quand je partais pour l’université, et je lui envoyai un baiser. Une brise agréable soufflait, portant avec elle l’odeur du dégel. La fin de l’hiver semblait imminente et la promesse d’un printemps précoce, garantie. Je n’eus aucun pressentiment, aucune peur soudaine concernant la journée ; au contraire, le soleil éclatant me mit de bonne humeur tandis que je marchais en direction de l’université. Mon optimisme perdura tout au long du chemin, malgré les branches nues des peupliers qui bordaient la rue et la fraîcheur de l’air qui persistait encore à l’ombre.

Lisa et moi nous dîmes bonjour dans le Lichthof, le grand atrium du bâtiment, avec sa galerie et son escalier majestueux, puis nous nous dirigeâmes vers nos classes respectives, l’une à côté de l’autre, au premier étage. J’assistai à un cours de biologie particulièrement inintéressant, pensant davantage au beau temps, dont j’avais envie de profiter, qu’à ce que disait le professeur au sujet de la formation du zygote chez l’animal. Lorsque la cloche sonna et que les portes de la salle de classe furent ouvertes, j’allai retrouver Lisa dans le couloir où une foule affairée d’étudiants se bousculait pour aller en cours.

Soudain, alors que nous nous approchions de la balustrade, la voix tonnante d’un homme couvrit le brouhaha général.

— Vous êtes en état d’arrestation ! hurla-t-il une seconde fois, et j’eus la sensation de recevoir une décharge électrique.

Lisa serra ma main dans la sienne et nous regardâmes toutes deux dans la direction de l’escalier. Ce que je vis me donna la sensation de tomber en chute libre et me souleva l’estomac. Lisa devait éprouver la même chose mais nous dûmes cacher nos émotions aux autres étudiants.

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