L'Assassine by Philippe Duriez

L'Assassine by Philippe Duriez

Auteur:Philippe Duriez [Philippe Duriez]
La langue: fra
Format: epub
Tags: policiers
Éditeur: Auto-Édité
Publié: 2022-06-14T22:00:00+00:00


31

Samedi 10 janvier 1976

Je suis dans la voiture de mon copain avec deux autres filles. Une demi-heure plus tard, le véhicule s’engage dans une allée bordée d’arbres. Au loin, des lueurs, nous arrivons au pied d’un perron. Un domestique nous ouvre la porte, nous grimpons les escaliers.

— N’oubliez pas vos masques, mesdemoiselles.

Je laisse mon manteau au vestiaire.

— N’ayez crainte pour vos affaires, le lieu est bien gardé. Je m’avance dans un vaste hall. Un lustre majestueux envoie une imposante lumière. Au fond, un grand escalier qui doit certainement donner sur les chambres à l’étage. Je suis invitée à entrer sur la droite dans une immense salle. Un buffet est dressé. Je me retrouve bientôt une coupe de champagne à la main entourée de quelques messieurs qui veulent me faire la conversation. Je décline poliment et me dirige vers un homme qui m’observe depuis un moment.

— Bonjour mademoiselle…

— Marie.

— Quel joli prénom.

— Je suis certaine que vous sortez la même phrase pour chaque fille !

— C’est un reproche ?

— Non ! Une constatation.

— Si nous nous asseyions !

— Volontiers. Alors de quoi allons-nous parler ?

— Si nous enlevions nos masques !

— Ce n’est pas interdit ?

— Je suis ici chez moi, je fais ce que bon me semble.

— Vous avez du goût, j’aime bien l’endroit.

— Et vous, vous êtes encore plus belle que je ne me l’imaginais.

— Vous êtes un galant homme. Ce compliment me va droit au cœur.

— Et si nous cessions ce petit jeu, vous comme moi savons pourquoi nous sommes là.

— Que me proposez-vous ?

— Une exclusivité.

Je joue la fille innocente et lui jette un regard étonné.

— Je vais vous expliquer.

Il fait un signe et glisse un mot à une personne. Celle-ci revient avec une enveloppe.

— Tenez Marie ! Il y a à l’intérieur le montant que je vous octroie à chaque prestation. Seulement, il y a deux conditions : la première, vous ne fréquentez en ce lieu personne d’autre que moi. La deuxième, vous êtes à ma disposition toute la soirée jusqu’au lendemain matin. Maintenant ouvrez l’enveloppe.

Je l’ouvre et reste stupéfaite devant le montant. C’est la somme que je gagne en un mois.

— Je ne peux refuser devant tant de générosité. Mais aujourd’hui je dois ajourner ma soirée. Une journée de marche m’attend demain.

— Mon chauffeur va vous ramener, ainsi il aura votre adresse et passera vous prendre samedi prochain.

— Au revoir, monsieur.

— Au revoir Marie et surprenez-moi. Je compte sur vous.

— Juste une question, si vous permettez. J’ai une amie, pas encore décidée pour le moment. Mais au cas où elle serait déterminée à venir, peut-elle profiter de votre voiture ?

— Pas de souci.

— Merci et bonne soirée.

Une fois rentrée, je raconte tout à Isabelle. Je lui parle de l’enveloppe mais ne lui donne qu’au dernier moment. À la vue du montant inscrit, elle reste bouche bée.

— Alors, qu’est-ce que tu en dis ?

— Que je t’accompagne samedi prochain.

— Attention, ne rêve pas, tous ne sont pas aussi riches. Et il y a pas mal de vieux.



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