L’Emprise du passe by Link Charlotte

Auteur:Link, Charlotte [Link, Charlotte]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 9782258133594
Éditeur: Presses de la Cité
Publié: 2015-09-01T22:00:00+00:00

4

Jane atteignit Kingston vers 20 heures, comme prévu. De toute façon, elle se fichait bien d’arriver chez les Crane à une heure décente. Tout ce qu’elle voulait, c’était se poser, se trouver une chambre et s’écrouler devant la télé. Elle tombait de sommeil malgré ses deux cafés, plus un troisième avalé à la va-vite sur une aire d’autoroute. Elle regrettait d’avoir changé ses plans : elle aurait mieux fait de rester à Truro. Qu’espérait-elle donc apprendre des Crane ? Elle perdait son temps.

Il faisait encore bon lorsqu’elle s’engagea dans la rue où ils habitaient. Les gens du quartier arrosaient leur jardin, discutaient entre eux, accoudés à leur barrière, ou dînaient sur leur terrasse. Des enfants jouaient ; ils avaient tracé une marelle à la craie sur la chaussée. Il flottait dans l’air un parfum de viande grillée. Chacun profitait du retour des beaux jours.

Le coin était hospitalier, les maisons grandes et coquettes, les jardins bien entretenus. C’était un quartier non pas cossu, mais bourgeois. Les Crane appartenaient sans doute à cette catégorie de couples aisés, de bonne éducation, qui, tout à leur carrière, tardent un peu trop à fonder une famille et se voient contraints de recourir à l’adoption. Mais peut-être s’agissait-il aussi d’un problème de fertilité…

La pelouse des Crane était moins bien tondue que celle de leurs voisins. Au milieu de la rue animée, la maison paraissait désolée. Il ne manquait plus qu’il n’y ait personne !

Jane gagna la porte d’entrée et appuya sur la sonnette. Pas de réponse. Flûte ! Elle colla le nez à la vitre. Dans une entrée carrelée se dressait une armoire ; une volée de marches montait au premier. La jeune femme contourna la maison jusqu’au jardin de derrière. Elle y trouva une seconde porte. Fermée. Les Crane n’étaient pas chez eux. Jane se retourna et remarqua un toboggan et un bac à sable de plastique rouge parmi les herbes hautes. Et elle remarqua autre chose, aussi. Non seulement les Crane n’étaient pas chez eux, mais, à en juger par l’état de leur jardin, ça faisait un moment qu’ils étaient partis. Ils étaient probablement en vacances. Le petit devait être encore à la maternelle, et ils en profitaient pour partir hors saison.

« Tout ça pour ça ! » se lamenta Jane en son for intérieur.

— Vous cherchez les Crane ?

Elle pivota sur ses talons. Sur la pelouse, devant la maison, une dame d’un certain âge dardait sur elle un regard soupçonneux. Elle tenait à la main une clé.

— Detective constable Scapin, de la police du Yorkshire, se présenta Jane.

— La police ?

— Ne vous en faites pas, madame, il n’est rien arrivé aux Crane. J’avais seulement quelques questions à leur poser.

— Ils sont en vacances. Depuis deux semaines.

— Je vois.

— Je m’occupe des fleurs et du courrier, expliqua la voisine.

— Et quand rentrent-ils ?

— Demain, dans la soirée.

Ça s’était joué à vingt-quatre heures près ! Jane était au comble de la frustration. Elle ne pouvait pas patienter jusqu’au lendemain soir, ne serait-ce qu’à cause de Dylan.

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