La Rascasse avant la Bouillabaisse by Gilles Del Pappas

La Rascasse avant la Bouillabaisse by Gilles Del Pappas

Auteur:Gilles Del Pappas
La langue: fra
Format: epub
Tags: Thriller
Éditeur: Éditions Lajouanie
Publié: 2016-03-04T00:00:00+00:00


De la joliette au vieux port

Pour cirer les chaussures

Pour faire briller sans effort

On est les plus forts

Pas un ne me dégotte

Quand j’astique et que je décrotte

Oui, je suis le roi pour frotter

Pour frotter les bottes

Je frotte, je frotte, je frotte, les bottes, les bottes

Pour qu’un cireur soit un beau cireur

Il faut qu’il cire, qu’il cire, qu’il cire

Pour qu’un cireur soit un bon cireur

Il faut qu’il cire avec ardeur !

J’attendis qu’il eût fini de faire briller les richelieus noirs du zig au panama. L’homme, sans le regarder, examina son travail, la brillance du cuir… oui, ça allait… il lui balança dédaigneusement un billet et fila. Mon ami empocha son salaire, se rassit sur son minuscule banc et me vit. Tout d’abord, il ne réagit pas, tandis que je le fixais… puis relevant la tête, il mit la main sur ses yeux pour mieux m’observer. D’un sourire avenant, il me fit signe de venir à lui. Je secouai le crâne et montrai la lanchonette du coin de la rue. Il hocha la tête, et ferma boutique. Il me rejoignit dans le fond du bar.

– O, Francês !

Il me tendit la patte, je la pressai. C’était je crois la première fois que l’on se serrait la main. Il me regardait avec reproche…

– Tu mets des tongs maintenant ?

– Comme tu vois !

C’était les grandes ennemies de Genivaldo. Évidemment ! Jadis il m’en avait rebattu les oreilles, c’était d’après lui la mort de son commerce !

– Demain j’achèterai des pompes noires, c’est promis !

Son visage s’éclaira.

– Bon… Alors ? Tu t’en es sorti ?

– Comme tu vois.

Regard malin.

– Ouais, j’ai bien entendu parler de la cavale de deux détenus tout à l’heure… ça va faire la couverture des journaux de la ville ce soir ou demain matin !

Il sait. On se regarde…

– Remarque, j’ai bien failli ne pas te reconnaître… quelqu’un de moins observateur que moi serait passé à côté… Tu as vieilli… mais il y a autre chose… tu es devenu… je ne sais pas… ligeiramente brasileiro !

Bravo à la coiffeuse coquine !

– C’est gentil de venir me voir… tu ferais mieux d’être discret.

– Tu as raison, mais je voudrais te demander quelque chose avant de partir…

– Tu comptes t’en aller ?

– Oui, mais pas avant d’avoir réglé certaines affaires courantes… tu te souviens quand je suis tombé… j’étais amoureux d’une jeune fille…

Son visage s’assombrit.

– Ah oui ! Celle qui t’a quitté pour l’industriel français ?

Je hochai la tête. Je n’y pouvais rien, c’était ainsi que ça s’était passé.

– Je ne sais pas… je dois me renseigner un peu… reviens demain, à la même heure…

– Dis-moi, je me sens un peu nu, comme ça… tu connais des gens auxquels je pourrais m’adresser pour avoir un pétard ?

– Tu veux tuer quelqu’un ?

– Qui lo sait…

– Bon… tu connais O Pintor ?

Je secoue la tête.

– C’est un homme tronc… un Raoni…

– Ah ouais…

Je l’avais déjà vu. À l’époque, à Belém, ils étaient deux. Un Noir qui manchait et l’Indien qui peignait avec sa bouche… il vendait ses œuvres… des paysages étranges.



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