La piste de Brazzaville by Gérard de Villiers

La piste de Brazzaville by Gérard de Villiers

Auteur:Gérard de Villiers [Villiers, Gérard de]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Espionnage, SAS
ISBN: 9782360534944
Google: XeyCqpiOmQQC
Éditeur: Gérard de Villiers
Publié: 1991-07-03T14:21:39+00:00


Hortense Saboukoulou se fit déposer par son second taxi au rond-point marquant l’entrée de la vieille ville, là où se trouvait un éventail d’avenues s’enfonçant comme des doigts dans l’immense cité africaine. Elles portaient des noms officiels, mais tout le monde avait donné à chacune celui d’un jour de la semaine. Elle s’approcha d’une femme accroupie devant un étal de légumes.

– Bonjour, je cherche une boutique de mode, « La Belle Créature ».

L’autre gratta ses cheveux tressés et beurrés et lui adressa un sourire édenté.

– Je crois bien, madame, que c’est dans Mercredi, après le deuxième croisement sur la droite, au milieu du quartier Fouks.

Hortense remercia et partit à pied, saluée par les coups de sifflet des ouvriers tôliers martelant leurs ustensiles à même le trottoir. Son boubou moulant ne laissait rien ignorer de ses formes et les Noirs ne dissimulaient pas leur admiration. L’un d’eux cria :

– Ça, c’est de la femme, c’est mieux qu’une moundelé.

Contrairement à la légende, les Noirs ne sont pas très attirés sexuellement par les Blanches. Ils trouvent qu’elles sentent mauvais, qu’elles ont une vilaine peau, et pas de fesses... L’allure d’Hortense Saboukoulou était celle d’un « deuxième bureau » grassement entretenu. Ce sont des choses que l’on respecte en Afrique. Intrigués, quelques gosses se mirent à la suivre, tandis qu’elle tordait ses hauts talons sur les trottoirs défoncés de l’avenue Mercredi.

Les chaudronniers et les ateliers de mécanique firent place à des échoppes de vêtements, à des épiceries, ces boutiques africaines où l’on vend de tout. Un boucher offrait des quartiers de viande couverts de mouches, au bord du trottoir... Hortense commençait à transpirer, le cœur battant. Elle se retourna plusieurs fois, terrifiée. Si les autres l’avaient suivie, ils étaient capables de lui couper la gorge. Elle se demanda soudain pourquoi elle faisait tout cela pour ce Blanc qu’elle connaissait à peine... S’avouant finalement qu’il l’excitait. Elle avait aimé le prendre dans sa bouche, le sentir violer son corps.

Absorbée dans ses pensées, elle faillit dépasser la boutique. Une enseigne bleue annonçait : La Belle Créature. Haute Couture. Créations de Mode. À côté de l’enseigne, une femme peinte aux appas naïvement enjolivés. Plusieurs ouvrières étaient penchées sur des machines à coudre installées à même le trottoir. À l’intérieur, il y avait quelques rouleaux de tissu, des étagères, des photos de mode découpées dans des magazines. Deux vendeuses étaient en train de discuter avec des clientes, énormes dans leurs boubous. Au fond, se trouvait un autre atelier avec un vieux mannequin sur lequel était épinglée une robe.

Une vendeuse s’approcha, attirée par les bijoux et l’allure cossue d’Hortense Saboukoulou.

– Bonjour, madame, dit-elle avec cette politesse appuyée des Africains. C’est la première fois que vous venez chez nous. Vous allez être satisfaite. Avec un corps comme le vôtre, on va faire des miracles...

Hortense Saboukoulou sourit.

– Merci. Est-ce que je pourrais voir la patronne ?

L’autre ne se formalisa pas.

– Madame Céline ? Bien sûr, elle est dans le bureau présentement, au téléphone. Vous pouvez attendre ?

Hortense s’assit sur un tabouret, dissimulant son anxiété.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.