La Peur De Montalbano by Andrea Camilleri

Auteur:Andrea Camilleri [Camilleri,Andrea]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Pocket
Publié: 2014-06-13T00:00:00+00:00

JE VOUS AVERTIS QUE J’ENVOYAI LA MAIME LETTRE AU COMMISSAIRE MONTALBANO SI JAMAIS VOUS VOUDRIÉ FAIRE LE MALIN.

Le silence tomba.

— Alors ? demanda Verruso.

Le commissaire soupesa la situation. Il ne faisait aucun doute qu’il avait mal agi, son devoir était de remettre la lettre aux carabiniers et de se retirer. Mais, s’il admettait l’avoir reçue, il se pouvait que l’adjudant le dénonce au questeur et alors, ça déclencherait un ramdam de tous les diables.

Et Bonetti-Alderighi, M. le Questeur, ne perdrait pas l’occasion d’avoir sa peau, de le faire radier de la police. Il avait commis un délit, y avait pas à tortiller. Et bon, s’il devait payer, il paierait.

— Je l’ai reçue, dit-il à voix si vasse que quasiment, il ne s’entendit pas lui-même.

L’adjudant, lui, l’avait très bien entendu.

— Vous auriez dû la faire parvenir immédiatement à mes supérieurs, vous le savez ?

Il prenait le même ton de voix ’ntipathique que quand il l’avait réprimandé pour le téléphone. Le même qu’il avait utilisé dans le rêve en l’empêchant de finir de faire l’amour avec Livia. Ce fut surtout ce souvenir qui lui fit monter le sang à la tête.

— Je le sais, je n’ai pas besoin qu’on m’apprenne mon métier.

Il ouvrit un tiroir, prit la lettre, la jeta sur celle de Verruso.

— Prenez-la-vous et lâchez-moi tout de suite la grappe.

Verruso ne bougea pas et ne parut pas même vexé.

— Et il n’y a rien d’autre ?

— Qu’est-ce que vous voulez qu’il y ait ?

— Pardonnez-moi, dottore, mais je ne suis pas convaincu.

— Et pourquoi ?

— Parce que ça ne cadrerait pas avec votre manière d’agir. J’ai beaucoup entendu parler de vous, de ce que vous avez l’habitude de faire, de votre façon de penser. Et donc, je suis convaincu que vous, dès que vous avez reçu la lettre, vous ne vous êtes pas limité à la mettre dans un tiroir. Et même, étant donné qu’on est sur ce sujet…

Il s’interrompit, se pencha en avant, prit l’enveloppe adressée à Montalbano, la lui tendit.

— Faites-la disparaître. Il vaut mieux que mes supérieurs ne sachent rien de cette histoire.

Et cela voulait dire que Verruso voulait jouer à cartes découvertes, sans tricheries et sans pièges. Cet homme méritait confiance et respect.

— Merci, dit-il.

Il prit l’enveloppe, la remit dans le tiroir.

— Vous me dites ce que vous avez trouvé dans le chantier ? balança à brûle-pourpoint l’adjudant.

Montalbano le fixa, admiratif.

— Comment vous faites pour savoir que je suis allé au chantier ?

— J’y étais, moi aussi, dit Verruso.

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