La fille muette by Michael Hjorth & Hans Rosenfeldt

Auteur:Michael Hjorth & Hans Rosenfeldt [Hjorth, Michael & Rosenfeldt, Hans]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Actes Sud Littérature
Publié: 2018-10-02T22:00:00+00:00

À Farsta, l’appartement de la police était aussi un trois-pièces, mais là s’arrêtait toute ressemblance. Celui de Maria et Nicole était un foyer. Personnel, pensé, habité. Celui-ci pouvait au mieux être qualifié de fonctionnel. Une odeur de renfermé les accueillit sur le seuil, et l’impression de décrépitude s’accentua une fois dans le hall d’entrée. Elle était en grande partie due à un grand trou dans le plâtre d’un des murs, probablement quelque chose de trop lourd pendu là et qui était tombé. Nicole glissa sa main dans celle de Maria tandis qu’elles inspectaient le logement pièce à pièce.

Les meubles étaient intacts et propres, mais aucun ne semblait vraiment assorti. On avait l’impression que les habitants se les étaient procurés en fonction des besoins, sans prêter attention à ce qu’il y avait déjà dans l’appartement, ce qui donnait à l’ameublement un air de marché aux puces.

Une policière en civil qui se présenta sous le nom de Sofia les attendait dans la rue et les avait suivis jusqu’à l’appartement au troisième étage. Elle s’était assise dans le fauteuil en face du canapé où Nicole s’était blottie contre Maria. Elle expliqua que la menace était faible, compte tenu de leur déplacement à Stockholm, à cette adresse secrète, mais qu’il y aurait cependant une patrouille dans le quartier toutes les deux heures, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, pour ne pas attirer l’attention par des visites ou par la présence de gardes statiques devant l’immeuble ou en bas des escaliers.

Maria reçut également une alarme à porter au poignet, ainsi qu’un téléphone préprogrammé dont il suffisait de presser une seule touche pour parler à un policier, à toute heure du jour et de la nuit.

Sebastian revint après un tour de l’appartement et un passage aux toilettes, au moment où Sofia s’en allait. Elle serra la main de Maria et le salua de la tête en passant devant lui.

— Il va falloir faire les courses, dit Sebastian une fois la porte d’entrée refermée. Il n’y a pas grand-chose dans le frigo.

Maria hocha la tête avec lassitude et se cala au fond du canapé avec un soupir de découragement.

Sebastian s’attendait à la voir accuser le coup. Tout s’était bousculé depuis son atterrissage à Landvetter. L’annonce de la mort de ses proches, l’inquiétude pour sa fille, les événements de l’hôpital et le départ rapide, comme s’ils étaient en fuite. Elle avait enfin la possibilité de se reposer et digérer.

— Comment ça va ? demanda Sebastian en approchant d’un pas quand il la vit au bord des larmes.

— C’est… tellement irréel.

Maria lâcha un rire sans joie :

— Ma sœur a été assassinée et Nicole a vu celui qui a fait ça.

Elle serra sa fille plus près d’elle :

— Et maintenant, elle ne parle plus.

— Elle reparlera, dit Sebastian en venant s’asseoir près d’elle dans le canapé. Je vous le promets.

Maria se contenta de hocher une nouvelle fois la tête en caressant les cheveux de Nicole. Sebastian réfléchit à ce qu’il devait dire, à ce qu’il pouvait dire, mais il n’y avait pas grand-chose qui n’ait été dit ou qui puisse changer quoi que ce soit.

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