Interlude du crime by Roberts Nora

Auteur:Roberts Nora
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: J’ai LU
Publié: 2001-01-15T00:00:00+00:00

7

— Votre définition de la coopération et du travail d’équipe diffère apparemment de la mienne, lieutenant.

Mouillée, sale et affligée d’un horrible mal de tête, Eve prenait beaucoup sur elle pendant que Darcia complétait l’examen du corps.

— Je vous ai tenue au courant.

— Non, vous m’avez laissé un message téléphonique laconique.

Darcia se redressa. De ses mains enduites de Seal-It, elle souleva le flacon de comprimés qui se trouvait sur la table de nuit et le mit dans un sachet.

— Au moment où vous vous apprêtiez manifestement à pénétrer illégalement dans cet appartement.

— Le propriétaire ou son représentant a le droit d’entrer dans un domicile privé s’il y a une raison valable de croire qu’une vie ou des vies sont susceptibles d’être en danger ou que la propriété en question est menacée.

— Ne me citez pas vos réglementations, répliqua sèchement Darcia. Vous m’avez mise sur la touche.

Eve ouvrit la bouche, puis laissa échapper un long soupir.

— OK, je ne dirais pas que je vous ai mise sur la touche, mais j’ai usé d’un moyen détourné pour éviter de vous avertir de mon initiative. À votre place, je serais tout aussi furax. J’ai l’habitude de pouvoir poursuivre une piste dans le cadre d’une enquête, à ma façon, pendant mes heures de loisir.

— Vous n’êtes pas l’enquêteur principal sur cette affaire. Je veux qu’on retire ce corps dans une housse, ordonna Darcia aux officiers postés aux portes de la chambre. Cause probable du décès : suicide médicamenteux.

— Hé, ho, attendez une minute, attendez une minute. Attendez ! ordonna Eve en projetant une main en avant pour faire reculer la bleusaille. Ce n’est pas un suicide.

— Je vois un corps dépourvu de marques, allongé sur un lit. Cheveux soigneusement brossés, retouches esthétiques parfaites. Je vois sur la table de chevet un verre de vin blanc et un flacon de comprimés prescrits en vue d’une euthanasie douce et sans douleur. J’ai ici, continua-t-elle en montrant un autre sachet de scellés contenant une feuille de papier, une note énonçant clairement la volonté du sujet de mettre fin à ses jours en raison de la culpabilité ressentie pour son rôle joué dans le meurtre de Reginald Weeks. Un meurtre qu’elle dit commandité par Connors et pour lequel elle a touché cinquante mille dollars en liquide. Je vois une sacoche contenant cette somme exacte sur la commode.

— Connors n’a commandité le meurtre de personne.

— Peut-être que non. Mais j’ai l’habitude de poursuivre une piste à ma façon. Pendant mon temps libre, fit-elle en prenant soin de renvoyer à Eve ses mots exacts. Le commandant Skinner a porté plainte, il affirme que Connors l’a menacé ce matin, verbalement et avec une arme. Les disques de sécurité de l’hôtel confirment que Connors est entré dans la suite du commandant et y est resté pendant sept minutes et quarante-trois secondes. Cet incident est corroboré par un certain Bryson Hayes, l’assistant de Skinner, qui était présent.

Il était vain de donner de nouveau des coups de pied dans quelque chose en prétendant qu’il s’agissait de la tête de Connors.

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