Delilah la romantique by M.C. Beaton

Auteur:M.C. Beaton [Beaton, M.C.]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Albin Michel
Publié: 2023-06-30T07:08:51+00:00

Le lendemain, le groupe de jeunes gens se mit en route. Regrettant sa décision de les accompagner, sir Charles avait prié pour qu’il pleuve, mais l’été indien était de retour : il faisait doux, et une lumière dorée baignait les rues de Londres.

Il vit d’un mauvais œil la robe en mousseline vert pâle et la pelisse de Delilah. Leur coupe, d’une simplicité diabolique, ajoutait encore à la séduction de sa silhouette, et leur couleur allumait des reflets verts dans ses yeux. Elle cheminait dans la calèche de tête, en compagnie de lord Andrew. Lui-même était seul puisque personne ne s’était attendu à sa venue.

Bien que lord Andrew fût sensiblement du même âge que lui, les autres participants étaient plus jeunes. À entendre les éclats de rire en provenance des différents attelages, il se sentit vieux, agacé et de mauvaise humeur.

Quelle idée d’être venu ! Il n’avait pas faim et détestait manger en plein milieu de l’après-midi. Il leva encore une fois les yeux vers le ciel : un voile laiteux couvrait le soleil, mais aucune pluie ne s’annonçait.

Puisqu’il était inconcevable que des personnes aussi élégantes fassent l’effort de servir elles-mêmes leur nourriture, une flopée de serviteurs suivaient dans une autre voiture.

Dès qu’ils avisèrent un champ agréable, ces dames et ces messieurs mirent pied à terre et s’égaillèrent, tandis que les domestiques étalaient couvertures et coussins dans l’herbe et déballaient des paniers de provisions. Comme Mr Tommy Otterley, lord Henry et lord Andrew se pressaient autour de Delilah, buvant chacune de ses paroles, sir Charles se vit contraint de s’occuper de miss Pretty-Follip et de lady Devere.

Delilah avait déjà oublié sa résolution de bien se tenir. Il lui importait que sir Charles voie à quel point elle était entourée, désirée. Elle taquinait l’un, badinait avec l’autre, faisait quelques pas avec le troisième, semblant un instant donner la préférence à lord Andrew, pour l’instant d’après accorder ses faveurs à l’un des deux autres gentlemen.

Ils venaient de s’asseoir pour entamer leur pique-nique lorsque retentit un roulement de tonnerre menaçant. Surpris, sir Charles leva la tête vers la masse de nuages pourpres et noirs qui recouvraient le soleil à vive allure. Ses prières allaient être exaucées.

Il y eut des cris effarés. Lord Andrew suggéra qu’ils aillent se mettre à l’abri dans un relais de poste des environs, pour prendre leur collation là-bas. Tout le groupe s’apprêta à rejoindre les voitures, pendant que les serviteurs remballaient les affaires. Sir Charles eut beau plaider qu’en différant leur voyage de retour, ils risquaient de finir sous l’averse, sa remarque ne trouva aucun écho.

Alors qu’il suivait les jeunes gens, il tenta de réfléchir au moyen de prendre sa revanche sur Delilah. Il était sûr que le comportement indigne de la jeune femme n’était qu’un spectacle à son intention. Lorsqu’ils atteignirent le relais de poste, il ne put cependant pas faire grand-chose. Tous avaient pris place autour d’une grande table dans le salon de café. Lord Andrew commanda du champagne et des gâteaux ; ces dames s’efforcèrent sans succès d’éclipser Delilah.

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