Coda by Jacques Drillon

Coda by Jacques Drillon

Auteur:Jacques Drillon [Jacques Drillon]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Gallimard
Publié: 2022-06-02T13:48:52+00:00


Quelque peu frustré de technique pure, discours indirect libre ou futur dans le passé, je me suis tourné vers un autre écrivain réputé, Valérie Trierweiler, dont les ventes attestaient le savoir-faire et me promettaient quelques leçons. Elle venait de publier Merci pour ce moment, son histoire avec François Hollande.

Ce livre n’était pas qu’une affaire, bonne pour l’auteur, son éditeur et son agent littéraire ; mais aussi un livre, fait de phrases françaises, dont j’allais pouvoir m’inspirer. Valérie Trierweiler est par surcroît critique littéraire. « En quoi le fait que j’écrive sur des romans peut gêner quelqu’un ? » se demande-t-elle. En rien.

Mais j’ai tout de suite regretté que cet ouvrage ne fût pas un fac-similé du manuscrit : il y aurait eu sûrement des petits ronds sur les i, à la place des points. Car Trierweiler écrit comme une fillette de douze ans, et pas précoce. Des phrases à nez retroussé, des phrases à couettes, des phrases pleines de taches de rousseur. Mais attention, pleines de petits malheurs, comme dans un journal intime : « Je mesure [sic] ce soir-là l’expression “pleurer toutes les larmes de son corps”. Comme des insectes qui se cognent à la vitre, des pensées vont et viennent dans ma tête. Comment a-t-il pu me faire ça ? Si nous nous aimons toujours, comment en sommes-nous arrivés là ? Je pars le lendemain en Inde. Je me raccroche à cette perspective comme une naufragée à sa bouée. » (En Inde elle roule sur des « routes chaotiques », mais pas cahoteuses du tout.)

Cette jeune adolescente (« Deux jours plus tard, nous avons une conversation. Dure. Très dure. » « J’ai les idées noires, très noires. » « Je lui écris que je l’aime toujours. Je suis en état de souffrance permanente tant son indifférence m’atteint »), cette jeune adolescente doit avoir un peu de mal à ranger sa chambre : quelle pagaille, ce livre ! Elle mélange le passé lointain, le passé proche, hier, avant-hier, met des retours en arrière dans les retours en arrière (ce qui n’arrange pas mes problèmes de futurs dans le passé). Mais elle prend des résolutions, « dès le soir même » : elle met des dates – et puis oublie. De toute façon, tout est au présent. C’est simple et de bon goût. Mettre de l’ordre dans ses idées, c’est bon pour ceux qui n’ont jamais logé à l’Élysée.

Elle a lu beaucoup de livres (qui l’ont sauvée, dit-elle). Elle sait donc qu’il ne faut jamais se priver de quelques clichés bien sentis, que « mon cœur se serre », que « les souvenirs affluent », qu’« une vague de nostalgie m’envahit », et qu’on « se ferme comme une huître ». Qu’il faut savoir enchaîner les merveilles, et viser le poétique, sans craindre la surenchère : « Dormir sans rêver, sans la douleur qui creuse son sillon, sans la colère qui me ravage, le manque qui me dévore. » Parfois, elle a une formule qui vous va directement à l’estomac : « Tout le monde court partout.



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