Chabanais chez les zoulous by Carter Brown

Chabanais chez les zoulous by Carter Brown

Auteur:Carter Brown [Brown, Carter]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier, Humour, Littérature australienne
Éditeur: Gallimard - Série Noire
Publié: 1970-02-05T23:00:00+00:00


CHAPITRE VI

Je libère ma chambre d’hôtel vers quatre heures et demie, l’après-midi, et vais payer ma note à la caisse. Le foyer est encombré, et je commence à me sentir un peu nerveux, vers cinq heures un quart, car Daphné ne s’est toujours pas manifestée. Je me rends à la réception, et la fille installée derrière le comptoir pâlit en m’apercevant.

— Vous n’êtes pas un boy, dis-je d’un ton rassurant, et je suis Boyd.

— On m’a dit que vous étiez parti il y a près d’une heure, gémit-elle. Je croyais donc pouvoir revenir travailler en toute sécurité.

— J’attends quelqu’un. Personne ne m’a demandé ?

— Personne, répond-elle avec fermeté. Et surtout pas un homme entre quarante-cinq et cinquante ans, aux yeux bleus perçants, à la moustache grisonnante et au dos raide comme un piquet. Personne en complet sombre et chapeau melon ne s’est même approché de la réception. Alors voudriez-vous vous en aller, je vous prie ?

— Je ne peux pas partir avant que mon amie soit arrivée, je lui explique d’un ton conciliant. Vous comprenez bien ça, quand même.

— Jamais ! (Elle me considère avec affolement.) Si vous aviez une miette de décence, monsieur Boyd, vous cesseriez d’essayer de me rendre folle ! Le mieux que vous puissiez faire, en cet instant même, c’est de sortir tout droit de l’hôtel et de vous jeter sous le premier autobus qui passera !

— Dites-moi ! appelle une voix terriblement britannique depuis l’autre extrémité du comptoir. Mademoiselle la réceptionniste ou je ne sais quoi ! Est-ce que vous pourriez appeler un ami pour moi ? Je devais le retrouver ici, mais impossible de repérer les gens dans cette cohue !

La réceptionniste se détourne de moi avec empressement.

— Mais bien sûr, madame. Comment s’appelle-t-il ?

— M. Boyd.

— Excusez-moi, dit la fille d’une voix morne en reculant précipitamment. Il faut que j’aille au petit coin.

Je me retourne, et l’Honorable Daphné Talbot-Frith pousse un cri de triomphe en me reconnaissant.

— Je t’ai cherché partout, Danny.

— Heureusement que tu m’as retrouvé ; je m’apprêtais à me jeter sous un autobus.

Elle porte un sweater en orlon vert citron et une mini-jupe en cuir dotée d’une chaîne argentée autour de la taille. Je songe que d’un instant à l’autre Marlon Brando va arriver en pétaradant sur sa motocyclette pour l’enlever.

— On ferait bien d’y aller, poursuit-elle. Le portier m’a dit que je ne pouvais pas me garer à l’endroit que j’avais choisi, et je lui ai expliqué à quoi il pouvait aller s’occuper s’il ne le faisait pas déjà, et à en juger par sa gueule blafarde et ses mains agitées de tics, je suppose que c’est le cas. Je ne veux pas lui laisser le temps de trouver un flic, tu comprends ?

Un groom surgi de nulle part empoigne ma valise sous ma main tendue vers elle. Daphné jette un regard anxieux dans la rue en m’attendant sur le pas de la porte, pendant que je refile un pourboire au groom.

— Le salaud ! marmonne-t-elle. Il a effectivement trouvé un flic.



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