Avec du sang sur les mains by Adam-Troy Castro

Auteur:Adam-Troy Castro [Castro, Adam-Troy]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Science-fiction
ISBN: 9782226459077
Éditeur: Albin Michel
Publié: 2020-11-13T00:00:00+00:00

Les documents ne présentaient guère de difficultés, puisqu’elle disposait de modèles de saisie. Une fois dans ses quartiers, Cort n’eut qu’à rédiger une déclaration personnelle attestant de ses entretiens avec Simon Farr et de son inspection des installations prévues pour sa détention. Elle ajouta avoir été témoin du renoncement volontaire de Simon Farr à toutes relations ultérieures avec ses semblables, et fournit également l’assurance d’être parvenue à ses conclusions de son plein gré, sans subir aucune contrainte.

Elle fixa son texte du regard pendant une bonne quinzaine de minutes, insatisfaite du résultat, mais ne voyant vraiment pas ce qui avait pu lui échapper.

Puis elle envoya le fichier et se cala dans son fauteuil ; pourquoi son cœur battait-il si fort ?

C’était sans importance. Bâclée ou pas, sa mission venait de prendre fin. D’ici quelques jours, elle regagnerait sa crypte intersom pour le voyage retour vers La Nouvelle-Londres. Juste avant son réveil, de terribles cauchemars viendraient la tourmenter, toujours les mêmes. Elle avait fini par s’habituer, tout comme au flot de demandes d’extradition émises par les gouvernements extraterrestres qui se disputaient le privilège de la poursuivre pour les crimes de son enfance. D’ici peu, on lui confierait une nouvelle mission. Puis une autre, et encore une autre.

Des problèmes qu’elle réglait, voilà à quoi se résumait sa vie, maintenant et pour longtemps. Ils détournaient son attention de ce qui la rendait indigne de la compagnie de ses semblables.

Elle posa le disque que lui avait donné Première-Offerte sur sa table d’appoint ; d’un tapotement, elle fit surgir son portrait, celui d’une femme à l’air mélancolique. Elle se demanda si les autres humains percevaient sa tristesse avec la même acuité que la petite Zinn qui n’en avait jamais rencontré aucun auparavant.

Puis elle empoigna sa besace et déballa un de ses narcs. Ce mélange de stupéfiants était interdit dans la majeure partie de l’espace confédéré, mais populaire parmi le personnel diplomatique des mondes qui n’engageaient pas de poursuites pour leur importation. C’était une dose beaucoup plus agressive que le simple sédatif qu’elle avait pris lors de la réception au capitole. Un coup sec sur la peau, et l’effet apaisant immédiat de la drogue submergea ses sens, emportant dans un raz de marée euphorique tout ce qui avait contribué à la rendre malheureuse. Elle ferma les yeux, se satisfaisant de cette échappatoire qui, si elle ne réglait rien, lui permettait au moins de s’accorder une pause. Elle alla se coucher, se pelotonna en position fœtale, et se mit à rêver.

Pendant un long moment, des heures, elle flotta dans un oubli serein.

Puis le voyage insouciant entama sa transition vers un sommeil sous influence chimique, et les souvenirs s’invitèrent. Ils revenaient toujours, dès qu’elle n’avait plus l’esprit occupé par un problème à résoudre. Mais ils ressemblaient à des images d’un mélodrame dont elle n’était qu’une spectatrice. Le massacre de Bocai, la sensation du sang sur ses mains, l’…

Responsable-des-Prisonniers

… l’expression sur le visage du vaafir bocaïen de Cort, un être qu’elle avait aimé autant qu’un second père, alors qu’il succombait

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