Apaiser Hitler by Tim Bouverie

Apaiser Hitler by Tim Bouverie

Auteur:Tim Bouverie [Bouverie, Tim]
La langue: fra
Format: epub
Tags: nouveaux
Éditeur: Flammarion
Publié: 2019-11-15T00:00:00+00:00


La foule cria « hip, hip, hip, hourra ! », et après un petit salut de son homburg en feutre, Chamberlain disparut dans le bimoteur Lockheed Electra qui étincelait sous le soleil5.

Comme le souligne son biographe, et contrairement à la croyance populaire, ce n’était pas la première fois qu’il prenait l’avion. Tel un personnage sorti du film Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines, il s’était brièvement élevé dans les airs – sans quitter son haut-de-forme – en 1923, pour montrer au duc d’York (le futur George VI) une foire industrielle à Birmingham62. C’était cependant peu de chose comparé au périple dans lequel il se lançait désormais, et le mythe selon lequel le Premier ministre, alors âgé de soixante-neuf ans, faisait son baptême de l’air pour sauver l’Europe de la guerre avait de quoi frapper les esprits. En prenant son envol, Chamberlain emportait avec lui les espoirs et les prières de la majorité des Britanniques, et de beaucoup d’autres peuples encore. Il y en avait bien certains, comme Duff Cooper, qui pensaient que le Premier ministre avait à peu près autant de chances de parvenir à un accord satisfaisant avec Hitler « que le petit lord Fauntleroy avec Al Capone » ; mais ils étaient minoritaires et, pour l’instant, généralement silencieux63.

Le peuple britannique n’avait pas été préparé psychologiquement à la guerre, et la Tchécoslovaquie lui semblait fort lointaine. En outre, même en supposant qu’il soit prêt à aller « encore une fois à la brèche » (comme le dit le roi Henri V dans la pièce éponyme de Shakespeare) au nom de la liberté européenne, les conséquences en seraient graves, avertissaient les experts. Pas plus tard que la veille au soir, Chamberlain avait lu un rapport des chefs d’état-major réaffirmant qu’à leurs yeux la Grande-Bretagne et la France ne pouvaient rien faire pour empêcher l’Allemagne d’envahir la Tchécoslovaquie dans les semaines suivantes. S’il y avait la guerre, celle-ci serait longue et « illimitée », et la Grande-Bretagne devait être prête à subir le largage de 500 à 600 tonnes de bombes par jour au cours des deux premiers mois664. Ce diagnostic influença considérablement Chamberlain qui, pendant le vol du retour, imagina un bombardier allemand suivant la même trajectoire que lui. Pacifiste dans l’âme, il considérait tout conflit à venir en des termes apocalyptiques et refusait de l’envisager comme un véritable choix politique, à moins que les fondements mêmes de la sécurité européenne ne soient en péril, et que toutes les autres options aient été épuisées. Il n’était pas prêt à y songer pour empêcher trois millions deux cent cinquante mille Allemands de rejoindre le Reich. La paix passait donc avant tout. Mais la paix à quel prix ? Tout dépendait de l’analyse que l’on faisait d’Hitler et de ses objectifs. Si, comme il le prétendait, Hitler était un homme de paix et que les Sudètes constituaient sa dernière revendication territoriale, la stratégie de Chamberlain était la bonne. Mais il y avait une autre possibilité – celle évoquée par



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