Prisonniers du ciel by Burke James Lee

Prisonniers du ciel by Burke James Lee

Auteur:Burke, James Lee [Burke, James Lee]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Rivages/Noir
Publié: 1991-06-30T22:00:00+00:00


* * *

Je revins finalement au ponton à bateaux dans l’après-midi, et demandai à Batist de garder Alafair jusqu’au soir. Je dormis trois heures sur le canapé sous un ventilateur électrique, avant de me lever pour un coup de rasoir et une douche en me disant que je pourrais redonner un certain degré de normalité à ma journée. Tout au contraire, je me mis à trembler tout entier, saisi de nausées incontrôlées et me retrouvai à genoux devant le lavabo, en train de vomir ma bile.

Je retournai sous la douche, où je m’assis sous l’eau froide pendant quinze minutes. Je me brossai ensuite les dents avant de revêtir un pantalon de toile kaki propre et une chemise de coton et de m’obliger à manger un bol de céréales aux noisettes et aux raisins. Même dans le courant d’air du ventilateur électrique, ma chemise de toile bleue était tachée de sueur.

Je récupérai Alafair chez Batist et je l’emmenai chez ma cousine, une institutrice à la retraite à New Iberia. J’avais déjà abandonné Alafair pendant les deux jours de ma beuverie, et je me sentais coupable de la changer de foyer, mais Batist et sa femme travaillaient tous deux et ne pouvaient la surveiller à plein temps. En outre, à ce moment-là, je ne me sentais pas, physiquement ni émotionnellement, en condition suffisante pour être responsable, ne fut-ce que de moi-même, et moins encore de quelqu’un d’autre, sans oublier l’éventualité toujours possible que les tueurs puissent revenir à la maison.

Je demandai à ma cousine de garder Alafair pendant les deux jours suivants, puis je me rendis au tribunal pour y retrouver le shérif. Mais lorsque je garai ma camionnette, je suais déjà à grosses gouttes, mes mains laissaient leurs empreintes moites sur le volant, les veines de mon cerveau me donnaient l’impression de se tordre comme des cordages. Je me rendis à la salle de billard de Main Street, m’installai au frais dans le bar sous le ventilateur à pales de bois et bus trois vodka collins, jusqu’à ce que je sente la morsure aigre du whisky d’hier libérer ma poitrine et mon diapason intérieur cesser de vibrer à l’intérieur de moi.

Mais je ne faisais qu’hypothéquer aujourd’hui pour demain, et demain, je repousserais probablement la dette à nouveau, et le surlendemain, et le jour qui suivrait, jusqu’à ce que mes arriérés de dettes soient tellement importants qu’ils viendraient finalement, un jour ou l’autre, se présenter à moi pareils à un serpent affamé à qui l’on offrirait les morceaux de choix d’un lapin blessé. Mais je crois qu’à ce moment-là tout m’était égal. Annie était morte parce que j’étais incapable de laisser les choses suivre leur cours. J’avais quitté les services de police de La Nouvelle-Orléans, moi, le chevalier errant au parfum de bourbon, qui disait ne plus pouvoir supporter l’hypocrisie politique et la laideur brutale, aussi prenante qu’une drogue, du maintien de l’ordre tel qu’il se pratiquait par la police métropolitaine. Mais la vérité, c’était que j’aimais cela, j’en tirais plaisir, je



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