Sorcha de Mallaig by Lacombe Diane

Auteur:Lacombe, Diane [Lacombe, Diane]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman, New
ISBN: 9782890058682
Éditeur: VLB
Publié: 2004-02-01T22:00:00+00:00

Je ne dormis pas beaucoup cette nuit-là. Inlassablement, je repassais dans ma tête les détails de ma fuite entremêlés aux conseils d’Etta. Dès que les premières lueurs blanches s’étendirent au plafond de ma cellule, je sortis du lit et commençai mes préparatifs. Je possédais peu de choses : mon couteau, un livre de prières, un chapelet, une cuillère, ma plume et une corne d’encre, les sept lettres de Baltair MacNèil, une paire de chaussons, un bonnet, des gants, un fuseau de fil et une aiguille, de l’amadou et un petit fusil pour faire du feu. Tout cela trouva place dissimulé dans mes nombreux vêtements. En effet, j’avais enfilé, de façon que rien ne paraisse louche, deux chemises de lin, une tunique par-dessus un bliaud de drap, deux paires de bas, ma cape et un tablier dont je comptais faire un baluchon, une fois sortie de la sainte île.

Avant de refermer la porte de ma cellule, j’y promenai un regard de mélancolie. Six années de ma vie étaient enfermées entre ces quatre murs que je laissais pour un hypothétique asile que je ne connaissais pas encore, et dont je ne savais même pas s’il existait quelque part dans la cité d’Édimbourg.

Quand je descendis l’escalier, je me sentis un peu lourde et chaudement vêtue. La sueur qui perlait à mon front était-elle due à mon équipement de fuyarde ou à ma nervosité ? Je passai par le cellier et subtilisai un sachet de sauge, des noix et quelques pommes séchées. Puis je me glissai dans l’église et pris place derrière les moniales. Tout au long de l’office de prime, j’épiai leurs regards et espérai que mon accoutrement ne me trahirait pas.

Il en fut de même avec l’aumônier qui, une heure plus tard, m’entraînait sur le chemin de l’abbaye. Le peu d’intérêt qu’il me porta me rassura complètement sur ma tenue et je me détendis, entièrement tournée vers ce qui allait suivre. Mon plan se déroula à une vitesse et avec une facilité qui, longtemps après son exécution, continuèrent à m’étonner.

D’abord, l’aumônier me fit entrer dans l’abbaye par la porte des visiteurs. Le vestibule était désert, car l’office du dimanche n’était pas encore terminé au monastère. Après m’avoir marmonné une excuse que je ne compris pas, il m’abandonna purement et simplement dans la chapelle de saint Colomba. Les pèlerins étant retenus à l’office, la niche était alors vide. Je me précipitai aussitôt sur le retable, dégageai d’un coup sec le panneau du pêcheur. Je m’emparai du pot et en versai le contenu dans la seule poche encore libre qu’il me restait. J’eus le temps de replacer le pot, ainsi que le panneau, avant de filer dans le déambulatoire jusqu’au porche de l’église.

Je me tassai dans un coin et j’attendis. Il s’était à peine écoulé un quart d’heure que l’office finit et libéra une horde de pèlerins à laquelle je me mêlai. Ils étaient une douzaine et portaient avec eux leurs bagages. J’en déduisis qu’ils terminaient leur pèlerinage et quittaient Iona ce jour-là. Je

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