Le cercle de la croix by Iain Pears

Le cercle de la croix by Iain Pears

Auteur:Iain Pears [Pears, Iain]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier historique
ISBN: 9782714434944
Éditeur: Belfond
Publié: 1999-12-20T23:00:00+00:00


Chapitre quinze

J’attendis jusqu’à ce que la matinée fût bien avancée, passant le temps à observer la maison en cachette afin de voir combien de personnes y habitaient et par quels moyens je pourrais m’échapper si cela s’avérait nécessaire. Puis, le cœur battant, je me préparai intérieurement, m’approchai de la porte et frappai. Il faisait agréablement chaud dans le vestibule, lequel, de manière assez surprenante, était loin d’être opulent. Sachant, bien sûr, que Thurloe était devenu riche comme Crésus pendant toutes les années où il avait détenu le pouvoir en tant qu’homme fort de Cromwell, je fus déconcerté de le voir si modestement logé. Pendant tout mon séjour chez lui, je ne vis qu’un domestique, et, bien que la maison fût confortable, elle n’avait ni la taille ni la splendeur que j’avais imaginées. Je supposai que c’était là un nouvel exemple de l’arrogante humilité des puritains, qui font étalage de leur piété et de leur mépris des biens terrestres. Personnellement, je les ai toujours détestés à cause de cela : ils attrapent d’une main et prient de l’autre. Il est du devoir des hommes de qualité de vivre selon leur rang, même s’ils n’en ont pas le goût.

Le domestique, un vieil homme qui clignait des yeux comme une chouette soudain placée en pleine lumière, m’informa que son maître était dans ses livres et que je devais attendre dans le grand salon. Une visite distrairait M. Thurloe, affirma-t-il. Pas celle-ci, pensai-je en mon for intérieur, tout en me conformant à ses instructions…

J’entrai dans la vaste pièce chaude qui se trouvait dans l’aile est de la maison. Pas celle-ci !

Il arriva quelques minutes plus tard. C’était un homme émacié dont les longs cheveux rares entouraient un haut front dégagé. Il avait la peau très pâle, presque translucide et, à part les rides profondes autour des yeux, il semblait plus jeune qu’il ne l’était en fait. Maintenant que je savais ce qui s’était passé, comment il avait manipulé plusieurs personnes, bonnes ou méchantes, leur imposant sa volonté, j’avais assez envie de le poignarder, sans autre forme de procès. Il découvrirait qui était son agresseur assez tôt, me dis-je, lorsque les flammes de l’enfer commenceraient à lécher son âme.

J’étais décidé à agir, mais je sentais ma résolution fléchir au fur et à mesure qu’il avançait vers moi. Depuis des mois, au cours de mes insomnies, je m’étais imaginé dégainant l’épée de mon père et lui transperçant le cœur, tout en psalmodiant quelques paroles adéquates, alors qu’il expirait, le visage grimaçant de terreur, criant lâchement merci, bavant de peur, tandis que je me dressais, implacable, devant lui. Je n’avais pas d’épée, mais mon poignard ferait l’affaire.

Facile à imaginer, plus difficile à réaliser. Tuer un homme au cours d’une bataille, quand le sang est échauffé, est une chose ; l’occire dans un salon paisible, pendant que le feu pétille agréablement et dégage une délicieuse odeur de bûches de pommier, en est une autre. Je fus assailli par le doute pour la première fois : tuer un homme



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