Le secret de la vraie croix by Jörg Kastner

Auteur:Jörg Kastner [Kastner, Jörg]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman, Historique
ISBN: 9782709629553
Éditeur: JC Lattès
Publié: 2007-03-20T23:00:00+00:00

22.

La dernière attaque

Les yeux brûlants, un pincement au cœur, nous suivîmes des yeux l’armée en mouvement. Tous ceux qui avaient encore un cheval et pouvaient tenir en selle se joignirent à cette sortie. L’enjeu était désormais de repousser les troupes de Saladin, ou d’admettre la défaite au terme de cette journée de sang et de souffrance. Chacun d’entre nous pensait la même chose : comme nous aurions aimé chevaucher côte à côte avec nos frères pour mesurer nos forces à celles des Sarrasins !

On avait dressé devant la tente royale l’objet que nous considérions encore peu avant comme la Vraie Croix. Nos frères continuaient à le croire, et chacun rendit son hommage à cette fausse relique et à l’évêque de Lydda, qui se tenait à côté d’elle. En voyant cette scène, je posai la main sur la hache accrochée à ma ceinture. Puisse la croix de Jésus qu’elle recélait porter chance à mes frères d’armes !

Dans la tente du roi, nous observions par une petite fente, près de l’entrée, ce qui se déroulait à l’extérieur, où les groupes de chevaliers défilaient devant nous. La poussière soulevée par les chevaux enveloppait le camp et le bruit des centaines de sabots s’unissait au son des cors pour former une mélodie guerrière. Lorsque la cavalcade se fut achevée, nous montâmes en selle à notre tour. Nos montures avaient toutes été prises aux Sarrasins – pour ma part, j’avais conservé le même cheval aubère.

Les quelques gardes restés dans le camp nous observaient avec méfiance. Ils avaient beau savoir que nous étions des leurs et que nous devions accomplir une mission secrète, notre tenue ne les rassurait pas. Voir les Sarrasins honnis se promener si ouvertement dans leur camp était un spectacle auquel ils avaient du mal à s’habituer. Qu’auraient-ils pensé s’ils avaient connu notre objectif ?

Dès que nous fûmes en selle, l’évêque se signa devant nous :

— Dieu vous bénisse, mes frères !

La poussière nous fit tousser lorsque nous suivîmes nos troupes à quelque distance. Combien aurais-je donné pour une gorgée d’eau !

— Il y a quelques heures encore, lança Gilbert en riant, nous chevauchions sus aux païens, et nous voilà déguisés en Sarrasins ! Cette journée est pleine de surprises.

Je portai mon regard vers la colline nord. Nos fantassins y avaient abandonné toute résistance. On trouverait prochainement sur les marchés une pléthore d’esclaves chrétiens.

Les seuls qui aient encore pu défendre la Terre Sainte étaient les chevaliers rassemblés ici, sur la corne sud d’Hattin, et ils étaient en train de partir pour un combat qui serait peut-être leur dernier.

Nous mîmes pied à terre sur un promontoire rocheux qui offrait une bonne vue sur le champ de bataille. Il était convenu que nous ne devrions mener notre tentative de percer les lignes qu’au plus fort de la bataille, lorsque tous, Sarrasins compris, seraient les plus accaparés par les combats.

Au pied de notre colline, les païens, dont l’attention avait depuis longtemps été attirée par l’approche de l’ennemi, rassemblaient leurs troupes. La pluie de flèches, dont nous avions presque pris l’habitude, s’abattit sur nos chevaliers et clairsema leurs rangs.

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