[Roman de la Croix-2] Morgennes by Camus David

[Roman de la Croix-2] Morgennes by Camus David

Auteur:Camus,David
La langue: fr
Format: mobi
Tags: Historique
ISBN: 9782266155762
Éditeur: AlexandriZ
Publié: 2011-07-08T00:43:14+00:00


Sa présence nous fut grandement utile et nous permit de gagner plusieurs jours de voyage. Surtout, il partait en éclaireur sur quelque pic situé en hauteur, inaccessible à nos lourds chariots, et en rapportait d’excellentes informations. Même si, avec le côté taquin qui le caractérisait, et que je devais apprendre à apprécier de plus en plus au fur et à mesure de nos pérégrinations, il redescendait toujours en m’annonçant :

— Désolé, je n’ai pas vu l’ombre d’un dragon…

Les dragons, pourtant, se manifestèrent bientôt. Non pas directement, surgissant des entrailles d’un nuage pour fondre sur nos têtes, mais via le silence et la brume. Une absence de bruit si pesante qu’elle nous meurtrissait les oreilles. Et un brouillard, gros de fumées noires, porteuses d’une odeur de mort.

On brûlait des cadavres, dans les environs. Cette puanteur, je ne la connaissais que trop : c’était celle qui, invariablement, accompagnait la peste – sa petite sœur, en quelque sorte. La peste, qu’on disait issue du sperme de ces dragons auxquels Poucet ne croyait pas, et qui pourtant nous causaient bien des ennuis.

— Sentez ! lui dis-je alors que nous approchions d’un terrain plat, inséré entre deux montagnes et où se dessinaient vaguement, au loin, les formes de plusieurs habitations. Cette odeur… C’est celle des dragons. Ils sont venus, ils ont soufflé…

— Et ils ont vaincu ? me demanda Poucet.

— En tout cas, ils sont repartis.

— Probablement la preuve de leur existence, car s’ils étaient restés, vous les auriez affrontés avec vos draconoctes – et donc ils seraient morts. Ce sont des bêtes diablement intelligentes, et qui existent nécessairement, puisqu’elles ont choisi de vous éviter…

— Ne vous moquez pas, dis-je. Tout concorde. L’endroit, cette pestilence, les morts…

— Je sens, dit Poucet. Mais je demande à voir.

Quelques instants plus tard, alors que le vent commençait à souffler dans notre dos, charriant de gros flocons blancs, nous distinguâmes deux formes, dont l’une vêtue de ces habits orange si caractéristiques des habitants de ces montagnes.

La brume se dissipa, et peu à peu je les vis. Deux hommes. J’invitai la sœur à me rejoindre – sa présence à mon côté témoignerait, je l’espérais, de mes intentions pacifiques. Et je me dirigeai en direction de celui des individus qui me paraissait le plus costaud, et qui était aussi, justement, celui qui portait les habits orange. À tout hasard, par courtoisie, je l’interrogeai :

— Êtes-vous le prêtre Jean ?

Il éclata de rire, et je compris ma bévue. Car s’il portait des habits orange, il n’en était pas moins un prisonnier – ce dont témoignait la lourde chaîne qu’il traînait au côté.

Mais, le plus surprenant, ce n’était pas son rire. C’était la réaction de Poucet. Car celui-ci surgit aussitôt près de moi, et s’exclama :

— Morgennes ? Chrétien ?

Les trois hommes coururent les uns vers les autres et s’étreignirent avec joie. Je n’avais jamais vu gens plus heureux de se retrouver.

— Eh bien, vos brebis ne sont plus perdues désormais, dis-je à Poucet.

Mais quelque chose m’inquiéta. J’aperçus, dans l’œil du moins costaud de ces deux hommes, une tache jaunâtre qui ne présageait rien de bon.



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