De sang et d'or by Michèle Barrière

De sang et d'or by Michèle Barrière

Auteur:Michèle Barrière
La langue: eng
Format: epub
Publié: 2019-03-13T16:00:00+00:00


1 - Voir Le Sang de l’hermine, Lattès, 2011.

2 - Mystérieuse maladie infectieuse qui frappa l’Angleterre, puis l’Europe entre 1485 et 1551.

4

— Insensé ! Déjà plus de cent mille livres pour la confection et le transport des tentes, s’exclama Louise de Savoie. Robertet vient de me fournir les derniers comptes. Regardez, Duprat.

Péniblement, le chancelier s’extirpa de son fauteuil et vint se placer derrière la mère du roi, qui fourrageait dans une liasse de papiers couverts de colonnes de chiffres. Une feuille se prit dans la longue manche évasée de son corsage de soie gris perle et tomba à terre. Avec une grimace de douleur, Duprat la ramassa. La soixantaine approchant, ses articulations ne lui laissaient guère de répit et il enviait la vivacité de Louise qui, à quarante-quatre ans et, selon ses dires, atteinte de toutes les maladies de la terre, était aussi souple qu’une jeune fille.

— Il va falloir y ajouter les dépenses d’approvisionnement, le paiement des musiciens, des cuisiniers, des gens d’armes…, soupira-t-il.

Louise agita un parchemin sous le nez de Duprat.

— Trente-cinq mille aunes de toile teinte aux couleurs du roi, noir, blanc, pourpre et fauve ! reprit-elle. Des rubans de taffetas, de la soie, de la corde de plusieurs couleurs, du lin de Flandres, du bois de chêne et du noyer venu à grands frais du Forez et d’Auvergne, des liens de cuir, des milliers de clous… Galiot de Genouillac n’aurait-il pas vu trop grand ?

Duprat soupira de plus belle.

— En tant que grand maître de l’artillerie, il est le mieux placé pour concevoir un camp de toile. Et on ne peut lui reprocher de vouloir éblouir Henry VIII. Nous savons que les Anglais édifient à Guînes un palais de verre. Par leur splendeur, nos tentes doivent surpasser les édifices de nos futurs alliés. Je m’étonne d’avoir à vous dire cela, vous qui voulez toujours le plus beau pour votre fils.

Louise sourit à son vieux complice. Il avait raison. Elle vouait un amour immodéré à François et n’avait pas ménagé sa peine pour qu’il devienne roi de France. Elle n’avait pas l’habitude de lésiner quand il s’agissait de concourir à sa gloire. Elle se leva, alla ouvrir une fenêtre en grand et s’éventa d’une main chargée de bagues.

— Par la Vierge Marie, quelle chaleur pour un mois de mai. C’est insupportable. Nous allons cuire à Ardres. Sous des tentes ! Quelle idée de tenir cette réunion en rase campagne.

— Nous n’avions pas le choix, rétorqua le chancelier Duprat, suant à grosses gouttes. Jamais Henry VIII n’aurait accepté de rencontrer votre fils à Paris ou dans n’importe quelle autre ville. Et vous voyez le roi de France se rendre à Londres pour être à la merci du moindre traquenard…

Le regard perdu sur les jardins de son bien-aimé château de Romorantin, Louise soupira.

— Je ne le sais que trop, mais je suis inquiète. Ardres n’est qu’à cinq lieues de Calais, terre anglaise. Et à peine plus loin de la frontière avec la Flandre des Habsbourg. Qui nous dit que



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