Romy au fil de la vie by Lelait David

Romy au fil de la vie by Lelait David

Auteur:Lelait, David [Lelait, David]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Biographie
ISBN: 2228897698
Éditeur: Payot
Publié: 2002-06-30T22:00:00+00:00


12 L’important c’est d’aimer

Comme elle, je suis une femme perdue, une femme sacrifiée, et il me suffisait de faire appel à mes souvenirs.

Romy Schneider, à propos de Nadine dans L’important c’est d’aimer.

« Depuis ma rupture avec Harry Meyen, on me dépeint en Allemagne comme encore plus belle, encore plus nue, encore plus excentrique. Je lis dans les journaux que je remplis ma liberté recouvrée avec des amants. Il y a dans l’existence des choses plus importantes que ce que l’on dit ou que l’on écrit sur mon compte. » Romy confie, observe, critique, analyse mais semble se tenir à distance. Comme si elle parvenait enfin à se protéger des autres. Pourtant, les attaques ne manquent pas. Elle symbolise si parfaitement la nouvelle femme des années soixante-dix qu’on lui prête aisément tout le libertinage du monde. Des paparazzis saisissent ses plongeons nue dans la mer, volent sa silhouette couleur de miel léchée par le soleil ardent : elle opte pour l’indifférence. « J’apprends à vivre sans mauvaise conscience. »

Elle ne se déprécie plus ni ne se restreint. Elle veut vivre. Nouvelle tentative… Elle peut présenter son visage sans fard en pleine lumière, montrer les courbes parfaites de son corps et les admirer sans rougir. Mais Romy l’artiste, la femme qui joue, est cyclothymique ; au fil de ses humeurs le meilleur rencontre le pire. Ce qui est rose aujourd’hui sera noir demain. Ce corps dont elle admire désormais l’harmonie, elle en critiquait le désordre il n’y a pas si longtemps encore. À ce journaliste qui la complimentait sur sa beauté n’avait-elle pas répondu : « Avec la gueule que j’ai. Écoutez, vous exagérez ! » avant d’ajouter, irritée : « Je ne veux plus me regarder. Ça m’emmerde ! » « Tu as de la chance, tu es photogénique », répétait Wolf, son père. Ce père cruellement absent dont elle a gravé dans la pierre chacune des trop rares répliques, ce père que nulle chasse à l’amant ne lui rendra jamais.

Que des images de son corps nu sur une plage lui soient volées ou qu’elle-même consente à se dévoiler devant l’objectif d’Eva Sereny par une nuit romaine bien arrosée, Romy développe des pulsions exhibitionnistes dont elle s’explique d’ailleurs sans langue de bois : « D’un côté je suis exhibitionniste, comme tous les acteurs. Quoi d’étonnant à cela ? Nous nous montrons sans relâche avec le désir ou la nécessité de plaire, et cela en personnifiant une multitude de personnages différents. Et puis j’ai des périodes d’abattement au cours desquelles je suis repliée sur moi à tel point qu’il faut que je boive un verre même pour une photo. » Bien que terriblement orgueilleuse – ne parle-t-elle pas de « ce satané orgueil qui [la] tenaille continuellement » –, à trente-six ans Romy prend conscience de contradictions qu’elle ne voulait jusqu’alors identifier. Si elle donne enfin un sens à certaines de ses angoisses ou aux ambiguïtés qui l’animent, elle ne trouve toujours pas le moyen d’en finir avec elles.

« Comme elle je suis une femme perdue, une femme sacrifiée, et il me suffisait de faire appel à mes souvenirs.



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