Moi, la scandaleuse by Lahaie Brigitte

Moi, la scandaleuse by Lahaie Brigitte

Auteur:Lahaie, Brigitte [Lahaie, Brigitte]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Autobiographie
ISBN: 2850185388
Éditeur: Filipacchi
Publié: 1986-12-31T16:00:00+00:00


Chapitre 13

EN PLEIN TOURNAGE, MAMAN DÉBARQUE

J’ai enchaîné film sur film pendant quelques mois. Une journée de tournage par-ci, une par-là, je disposais de beaucoup de temps et gagnais suffisamment d’argent pour subvenir à mes besoins. J’organisais très sérieusement des budgets rigoureux que je ne respectais jamais, car l’achat d’un blouson de cuir – j’ai toujours follement aimé le cuir – ou d’une paire de bottes déséquilibrait mes prévisions budgétaires pour un bon moment. Insensiblement je m’étais incorporée au milieu du cinéma « X » français, le plus naturellement du monde, sans malaise, sans scandale. Je m’étais habituée à travailler dans l’industrie du sexe, sans que cela ne me pose plus jamais de problème d’identité, ou quelque dilemme moral. Je sais que beaucoup de filles dans mon cas ont été gravement perturbées par leur passage dans l’industrie du sexe. Cela peut avoir deux causes : tout d’abord ces filles ont fait du cinéma « X » avec le même état d’esprit qui pousse une secrétaire de direction à michetonner à la fin d’un mois difficile. Il est tout à fait normal que le souvenir de cette péripétie leur laisse un petit goût d’amertume, genre « moi, une secrétaire de direction brevetée par Pigier, j’ai fait “ça” » ! Ensuite, les conséquences d’une « participation » à un film pornographique peuvent être imprévisibles.

Au meilleur moment du « porno à la française », comme disent les journaux spécialisés (moi, c’est drôle, « porno à la française » ça me fait penser à un plat gastronomique, comme « spaghetti à l’italienne » ou « riz à l’espagnole »…), il se tournait plusieurs films par semaine. Il fut un temps où, dans les statistiques officielles du cinéma français, il se tournait plus de films « à caractères pornographiques » que de films dits normaux. Or, bien sûr, il n’y a jamais eu en France de véritables comédiennes érotiques, à part quelques exceptions, dont la liste n’est pas limitative :

Erika Cool, Claudine Beccarie, Véronique Maugarsky, Marilyn Jess, Sylvia Bourdon, Karine Gambier, Sylvia Perrin… et moi.

Vous admettrez aisément que cette équipe réduite de « sex-stars » professionnelles ne pouvait suffire à la demande quotidienne des producteurs. Les réalisateurs ont eu recours aux petites annonces dans les journaux, aux bureaux de placement, aux auditions dans certains cours et écoles de comédie, les contacts dans les cabarets et même le démarchage auprès des call-girls. Alléchées par la rémunération offerte (environ 1 000 F par jour, il y a dix ans ! soit 3 ou 4 000 F d’aujourd’hui…) un certain nombre de « jeunes femmes bien sous tous rapports » ont accepté de tourner un, ou deux films « X » dans la plus grande discrétion et, évidemment, sans en parler à personne, ni aux parents, ni aux copains, ni au petit fiancé. À cette époque, les films tournés n’étaient programmés que dans un réseau de salles « X » fréquentées par des clients habitués, des touristes et des hommes solitaires qui avaient une heure à perdre et quelques fantasmes à assouvir par l’intermédiaire de l’écran.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.