Quelques mots auraient suffi by Laurence Lopez Hodiesne

Quelques mots auraient suffi by Laurence Lopez Hodiesne

Auteur:Laurence Lopez Hodiesne [Hodiesne, Laurence Lopez]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman
Éditeur: Laurence Lopez Hodiesne (Auto-édition)
Publié: 2018-10-12T22:00:00+00:00


CHAPITRE 8

Je restai donc sur les lieux avec les deux enfants.

D’un côté, ne pas affronter le regard revêche des personnes d’un âge certain croisées en arrivant sur la place du village me réjouissait plutôt. Mais d’un autre côté, je ne me sentais guère à l’aise dans cette vieille baraque. Elle me fichait la chair de poule et pas seulement à cause de la fraîcheur ambiante.

Après le départ d’Anne, nous sortîmes donc dans le jardin, où tout de suite je respirai mieux et les enfants s’en donnèrent à cœur joie en courant partout. Le petit Jonathan paraissait d’ailleurs avoir repris confiance.

En les regardant s’amuser dans l’herbe folle, un sourire me vint aux lèvres.

Quelle drôle d’histoire !

Une semaine auparavant, le garçonnet et sa mère m’étaient inconnus. À présent, je me trouvais dans un lieu appartenant à une femme mystérieuse, sous un astre du jour radieux semblant rire de voir les gamins jouer à cache-cache derrière les arbres.

Soudain, un courant d’air glacé me traversa de part en part. Je levai les yeux, le soleil brillait et j’étais gelée. Le mois de mai peut être traître parfois, avec ses relents de froidures s’amusant à vous glisser dans le dos pour mieux vous surprendre.

Au moment où, frissonnante, je me redressai, je sentis une présence derrière moi. Je me retournai vivement, elle était là :

La belle-mère d’Anne.

Emma !

Le premier réflexe me venant à l’esprit fut d’appeler Jonathan, mais avant de pouvoir tourner la tête, la vieille dame posa en souriant un doigt sur sa bouche et de l’autre main me fit signe de la suivre.

Stupéfaite, je la regardai sans bouger, les sourcils froncés.

— Laissez-le s’amuser, me dit-elle d’une voix très douce à laquelle je ne m’attendais guère, je dois vous parler.

Évidemment, j’ouvris de grands yeux étonnés. Discuter. Avec moi. Elle ne me connaissait même pas ! C’était plutôt à moi d’expliquer ma présence dans sa maison. Mais comme elle insistait, je la suivis à l’intérieur du logis.

Une fois dans la cuisine, nous nous assîmes autour de la table, mais de façon à pouvoir surveiller les enfants par la fenêtre.

Je voulus prendre mon téléphone portable pour appeler Anne et la prévenir du retour de sa belle-mère, mais celle-ci secoua vivement la tête en signe de dénégation.

— S’il vous plaît, laissez-moi d’abord vous parler quelques instants. Vous pouvez m’écouter, je le sais.

Sa voix étant tellement suppliante, je remis lentement l’appareil dans ma poche. De toute manière, ce dernier ne captait rien. Décidément, il allait falloir songer à me faire payer les notes de psy.

— Si vous voulez, dis-je en souriant.

Emma me rendit mon sourire. Je trouvai alors son visage empreint d’une grande bonté – ne collant pas avec l’image s’étant imposée à mon esprit –, mais aussi d’une immense tristesse pour le moins intrigante.

— Je vous ai vu arriver tout à l’heure, avec Anne et les enfants.

Comment ça, elle nous a vus arriver ? pensai-je aussitôt, en me demandant pourquoi elle ne s’était pas manifestée à ce moment-là.

Emma dut lire la question dans mon expression, car elle enchaîna immédiatement sur un ton très doux :

— Je ne peux pas croiser Anne… pas maintenant.



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