Hommes mes frères by A D Sertillanges

Hommes mes frères by A D Sertillanges

Auteur:A D Sertillanges [Sertillanges, A D]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Essai
ISBN: 9782072201370
Éditeur: Gallimard (réédition numérique FeniXX)
Publié: 1940-01-02T00:00:00+00:00


Utilités de nos liens.

Nos liens, qui viennent de Dieu avec notre concours, que Dieu maintient par notre prudence, sont consacrés ensuite à l’œuvre de Dieu. C’est leur seule raison d’être. Tout ici-bas est moyen. Ce n’est pas que nos affections ne valent en elles-mêmes et par elles-mêmes ; on dit seulement que dans leur état présent, amorcées et non consacrées, laborieuses et non en possession de leurs trésors, elles ne doivent pas se contenter de soi. Qu’elles visent la fin, objectif de tout l’homme.

Que d’admirables utilités sont contenues dans ces alliances libres ou natives qui multiplient pour nous toute forme de la vie et nous procurent, en chaque occurrence, un autre nous-même ! L’amour collabore à la création du ciel et de la terre. Il est « un remède d’immortalité et de vie » (Eccle., VI, 16). En formant les liaisons prévues par la sagesse créatrice, il donne à chaque existence, à chaque groupe, puis à l’espèce entière, ses vraies conditions.

L’amour est le signe des volontés de Dieu dans son univers, et il les réalise. Il est en ce monde et il n’est pas de ce monde ; mais ce sont les choses qui ne sont pas de ce monde qui donnent à ce monde sa consistance et son prix.

L’amour est la rosée de la vie. Cette rosée tombe de haut ; elle pénètre au plus intime ; elle rafraîchit et elle féconde ; elle détend et elle redresse ; elle transfigure tout ce qu’elle atteint et le déplie par le dedans, comme le bourgeon humide où sommeille la fleur.

Avec l’amour, il n’y a plus de tâtonnements ; le but s’illumine. Il n’y a plus d’affliction ; il y a seulement du sacrifice. Et il n’y a plus de faiblesse ; tout prend une énergie qui est le ressort de l’âme et de la création.

L’amour console de tout. Il nous attend à tous les passages. Il aide à tirer parti des situations les plus désespérées et à racheter les fautes les plus lourdes. Il ennoblit ce qui sans lui serait banal. Il hausse ce qui est bas. Sa présence nous invite à être plus pleinement nous-mêmes, et par une autre présence délectable, enrichissante parfois jusqu’au plein bonheur, il nous révèle la présence de Dieu.

Il peut paraître étrange que le don de nous-mêmes dans l’amour soit ce qui nous épanouit et nous enrichit nous-mêmes davantage. Ce n’est pas à cause de la réciproque : c’est parce que le don, et surtout celui-là, est le signe et l’exercice de notre personnalité en ce qu’elle a de plus spontané et de plus libre. Il est naturel que nous éprouvions alors un sentiment puissant de nous-mêmes et de cet élargissement sans limites auquel nous aspirons.

On entend que par amour est ici exprimée l’affection en toutes ses formes. Amour proprement dit, amitié, fraternité, attachements de haut en bas et de bas en haut prennent part à cette louange et se partagent les rôles.

Ceux que nous aimons nous apportent leurs pensées, et ils nous éveillent aux nôtres ; nous en avions une réserve en eux ; ils en trouvent en nous.



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