De peur que les ténèbres by Lyon Sprague de Camp

De peur que les ténèbres by Lyon Sprague de Camp

Auteur:Lyon Sprague de Camp [Sprague De Camp, Lyon]
La langue: fra
Format: epub
Tags: SF
Publié: 1972-11-30T23:00:00+00:00


Padway était assis sur le mur d’Aurélien, dans le soleil brillant du matin. Il affectait un grand intérêt pour le tombeau d’Hadrien, en aval, sur la rive opposée. Le garde qui lui avait été assigné, un nommé Aïulf, regardait par dessus son épaule. Padway appréciait l’intérêt d’Aïulf, mais il souhaitait parfois que la barbe du Goth fût moins longue et moins dure. Il était plutôt déconcertant de la sentir gratter sa chemise, alors qu’il fallait trouver la couleur appropriée.

— Tu vois, expliqua-t-il en un gothique hésitant, je tiens mon pinceau en avant, je regarde ce que je peins et je mesure du pouce sur le pinceau. C’est comme ça que tout conserve ses proportions.

— Je vois, répliqua Aïulf dans un latin tout aussi exécrable – tous deux s’entraînaient dans leurs langues respectives –. Mais suppose que tu veuilles peindre un petit tableau – comment dire – avec des tas de choses dedans aussi ? La mesure sur le pinceau sera trop grande, n’est-ce pas ?

Aïulf, pour un garde, n’était pas du tout stupide.

En fait, Padway fixait son attention sur bien autre chose. Il observait en secret les autres gardes et sa petite pile d’objets personnels. Tous les prisonniers faisaient de même, pour des raisons évidentes. Padway se demandait surtout quand la chandelle cachée dans son panier à provisions atteindrait la pâte sulfureuse. Apparemment, il avait eu beaucoup de mal à allumer son brasero ce matin-là ; en réalité, il avait installé sa petite machine infernale.. Il ne pouvait s’empêcher de jeter de temps en temps un regard furtif aux soldats, de l’autre côté du fleuve, et à la mare aux nénuphars derrière lui.

Aïulf, fatigué de son observation, fit quelques pas en arrière. Il s’assit sur son petit tabouret, prit un instrument semblable à une flûte et se mit à en tirer des accents plaintifs. Les sons faisaient songer à une dame blanche gémissant du fond d’un tonneau d’eau et ne manquaient jamais de donner des sueurs froides à Padway. Mais il appréciait trop la bonne volonté d’Aïulf pour protester.

Il travailla sans relâche ; son attente ne se manifestait toujours pas. La chandelle avait dû s’éteindre ; autrement, elle aurait déjà atteint le soufre. Il serait bientôt l’heure de déjeuner. Si on lui demandait de descendre du mur, il semblerait curieux qu’il prétendît n’avoir pas faim. Peut-être…

Aïulf cessa un instant ses gémissements.

— Qu’a donc ton oreille, Martinus ? Tu n’arrêtes pas de la frotter.

— Rien qu’un chatouillement, répondit Padway. Il n’expliqua pas qu’il s’agissait, chez lui, d’un symptôme de nervosité déchirante. Il continua à peindre. Le seul résultat de sa tentative, songea-t-il, serait la plus laide peinture d’un tombeau jamais effectuée par un peintre amateur.

Alors qu’il perdait espoir, ses nerfs se calmèrent. Le soufre ne s’était pas enflammé, voilà tout. Il essaierait encore le lendemain…

En bas, dans le camp, un prisonnier toussa ; puis un autre. Puis, tous se mirent à tousser. Des fragments de conversations montaient :

« Que diable…

— Ça doit être les tanneries…

— Pas possible, elles sont à deux



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.