Ah...les garces ! [V2] by Brown Carter

Auteur:Brown,Carter [Brown,Carter]
La langue: fra
Format: epub
Tags: polar
Éditeur: Gallimard
Publié: 2014-07-14T00:00:00+00:00

CHAPITRE VIII

Pete Mendoza est un homme de petite taille dont tous les mouvements ont la grâce fluide d’un félin. Dans les trente-cinq ans ; une épaisse crinière noire bouclée et une moustache assortie qui le fait ressembler à un bandit style Hollywood du temps du muet. Il est à demi étendu sur le divan, une boîte de bière dans une main et un petit cigarillo dans l’autre. Ses yeux noirs de jais contrastent avec la peau blanche et lisse de son visage. C’est peut-être moins un félin qu’un serpent à sonnettes, tout compte fait. Le climatiseur ronronne en sourdine et je sens la sueur se glacer et sécher sur mon visage.

— Je suis désolé que vous ayez dû inventer cette histoire auprès d’Herb Lowry, simplement pour me trouver, lieutenant, déclare-t-il d’une voix douce et comme ronronnante. Je crois dur comme fer qu’en cas de conflit, il faut coopérer avec la police.

S’il est tellement désolé, il pourrait m’offrir une bière ou me proposer de m’asseoir.

— Vous êtes un expert en ce qui concerne les conflits sociaux ? je lui demande.

Il a un petit geste de la main comme pour se minimiser lui-même.

— Je ne suis pas un expert, lieutenant. Qui peut se vanter de l’être, de nos jours ? Mais j’ai acquis pas mal d’expérience depuis quelques années. Il y a toujours deux camps, et si l’un d’eux tient à faire une démonstration de sa force et que l’autre ne réagit pas, c’est toujours considéré comme un signe de faiblesse.

— Et quand les deux camps sont décidés à montrer leur force ?

Il a un haussement d’épaules plein de grâce.

— Il ne faut pas faire trop attention à ce que disent Herb Lowry et les minus qui l’entourent. Ils m’ont fait venir ici pour prendre la situation en main et c’est exactement ce que je m’apprête à faire. Je vous assure personnellement, lieutenant, qu’il n’y aura ni violence ni provocation de notre part. Mais si vous vous inquiétez à propos des troubles qui pourraient éclater demain, la solution est simple. Dites simplement à Hernandez de renoncer à défiler dans la vallée !

— Vous connaissez une fille qui s’appelle Alice Medina ? je lui demande à brûle-pourpoint.

La fumée du cigarillo, qu’il tient entre ses doigts minces, monte tout droit sans vaciller vers le plafond.

— Alice Medina ? répète-t-il doucement. Pourquoi demandez-vous ça, lieutenant ?

— Elle a disparu depuis vendredi dernier.

— Je regrette. (Il secoue la tête.) Mais c’est la première fois que j’entends son nom.

— Ce n’était pas votre petite amie ? je demande d’un ton incrédule.

— Me traiteriez-vous de menteur, lieutenant ?

— Alice avait une amie, je reprends. Cette amie m’a dit qu’Alice l’avait appelée vendredi dernier pour lui dire qu’elle avait des tuyaux qui allaient faire l’effet d’une bombe dans Pin City. L’ennui, c’est que vous commenciez à vous méfier d’elle et à la surveiller en permanence. Mais elle espérait pouvoir filer en douce vendredi après-midi et elle a pris rendez-vous avec son amie dans ce qu’elle pensait être un lieu sûr.

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