Immunisée by C C Darcq

Auteur:C C Darcq [Darcq, C C]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Science-fiction
ISBN: 9782365387941
Éditeur: Rebelle Editions
Publié: 2019-05-27T22:00:00+00:00

11

La nuit s’achève avec l’aurore. Je ne l’ai pas vue passer. Insidieusement, elle a fini sans me prévenir. Les premiers rayons du soleil longent le plafond et glissent sans heurt jusqu’au lit où je me trouve. J’ai le visage posé contre un oreiller, il est imprégné de l’odeur de Stuart. Je suis épuisée, pourtant je n’ai jamais été aussi heureuse et détendue. Mes soucis me semblent si loin. En ce moment, rien ne peut m’atteindre.

J’ai bien eu quelques remords pour Bly et puis je me suis souvenue qu’Erdogan passait le prendre chaque fin de journée. Il a dû s’occuper de lui et passer une soirée « entre mecs ».

Ma soirée fut tout autre.

J’ai faim. Je n’ai pas mangé depuis hier midi. Une éternité.

Stuart est allongé contre moi. Sa peau fraîche effleure la mienne. Je crois qu’il dort. Les Voraces sous sérum peuvent dormir, au contraire des Voraces Purs qui n’ont pas de cycle de sommeil. Stuart m’a appris que les Voraces n’avaient pas de rêves. Cette idée m’attriste. Impossible pour eux de s’échapper de leur quotidien.

Je ne sais pas si je dois le réveiller, ou si je dois feindre le sommeil encore, ou bien m’éclipser de sa chambre sans bruit. Non, la dernière option n’est pas la bonne. Je me souviens de ce que m’a dit Stuart hier.

Je t’aime.

Cette aura de bonheur ne me quitte plus. Je crois, non, je suis sûre, que nous sommes un couple. Officiel, je ne sais pas, mais un couple, oui.

Il bouge, les draps se froissent dans un bruissement léger. Je me retourne vers lui. Il fixe le plafond. Depuis combien de temps est-il ainsi ?

Sans bouger son visage, il déplie son bras et m’offre un abri contre lui, j’hésite un instant. Je me revois des mois en arrière… et dire que je refusais tout de lui, maintenant il m’accueille au creux de ses bras. Je m’y love lentement. Sa main vient se poser sur moi et referme le rempart de son corps. Je m’y trouve bien. On n’ose pas parler. C’est absurde. J’ai peur de briser quelque chose, je voudrais que l’instant s’éternise, ne plus avoir à quitter cette pièce, ce lit, ses bras.

Stuart tourne son visage vers le mien, il sourit. Je lui réponds à mon tour. Il dépose un baiser sur mon front. C’est frais, c’est doux.

La magie se brise au moment où le réveil de Stuart s’enclenche. Il est fort et la sonnerie me vrille presque les tympans. Stuart s’en amuse.

― Tu as sursauté, constate-t-il.

― Je ne m’y attendais pas, dis-je en me redressant.

Stuart se redresse à son tour. Les souvenirs de nos nuits passées ensemble, dans sa maison, sans jamais nous toucher, me reviennent. Là aussi, c’était absurde. Nous mimions le couple, sans en avoir aucun aspect ni aucun plaisir. Maintenant que je connais ce bonheur, je refuse de le laisser partir.

Stuart me sourit et me désigne sa salle de bain du menton. J’acquiesce. Je me lève et me rends dans la petite pièce d’eau. Je prends une douche rapide et je me sèche dans le peignoir que Stuart me laisse à disposition.

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