Fais gaffe à tes os by Dard Frédéric

Fais gaffe à tes os by Dard Frédéric

Auteur:Dard, Frédéric [Dard, Frédéric]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 9782265091245
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 1956-02-07T23:00:00+00:00


CHAPITRE XIV

Ravivée par la brûlure de l’alcool, la blessure se remet à saigner. Les cheveux du gros Bérurier prennent une curieuse teinte pourpre, répugnante. Ça le transforme complètement.

— L’homme aux cheveux rouges, fais-je, épisode II ; le gros Bérurier chez le gros méchant loup… Que t’est-il arrivé, mec ? T’as raté une bordure de trottoir ?

— Ferme un instant ta grande gueule et passe-moi le flacon, j’ai besoin d’élixir, affirme le blessé.

Il reste environ quarante centilitres de whisky dans la bouteille. Si je le laissais faire, il s’embourberait le solde et repartirait aux quetsches pour le bon motif. C’est pas le moment car, si on l’a foutu dans ce piège à rats, c’est qu’on voulait s’assurer de sa personne… Et on surveille étroitement les prisonniers…

— Figure-toi, commence-t-il…

— Remise ta menteuse dans son écrin, gars, c’est pas le moment des résumés. Tu peux arquer ?

— Relève-moi, pour voir…

Je passe derrière sa gonfle et je le cramponne à bras le corps. Oh ! hisse ! Il est aussi souple qu’une vache crevée, Bérurier… Ah ! c’est pas demain qu’il servira de partenaire à Serge Lifar !

Comme il y met du sien, je finis par le mettre à la verticale. Il titube un instant, se passe la pogne devant les châsses et s’ébroue…

Puis il fait un pas en avant, appuie l’une de ses mains contre le mur et dégueule que c’en est une bénédiction…

— C’est tout ce que t’as à nous montrer ? lui demandé-je lorsqu’il a terminé.

— Charrie pas, mec, murmure-t-il. Avec un parpin commak sur le chignon, je devrais être déjà plein d’asticots !

Il fait de grandes embardées, mais réussit à marcher. Moi, je tiens mon feu d’une main, ma lampe de l’autre.

— Accroche-toi à mon épaule. Le premier gnace qui se la radine avec des intentions belliqueuses, je le plombe comme une bécasse !

Nous faisons en sens inverse le chemin que je viens de parcourir. Nous allons assez doucement à cause de mon pote qui se sent un peu pâlot des flûtes, mais l’essentiel est de se tirer de ce terrier aux cent lourdes.

Enfin voilà l’escadrin… On le gravit, le Gros en tête tandis que je lui file des coups de genoux dans les miches pour le soutenir dans son ascension. Il gravirait l’Everest que ça ne serait pas pire !

Lorsqu’il débouche dans le couloir pestilentiel, il est en nage et tourne au vert intégral.

Il se tient la poitrine comme si cela pouvait aider sa respiration, la régulariser.

— Tu y es, bonhomme ?

— Attends…

— Dis, prends pas tes aises… Si l’immeuble te plaît, loue un pied-à-terre, seulement m’est avis qu’on risque de se faire brûler les plumes en s’attardant.

— Bon, suffoque-t-il… Tu veux ma mort, alors allons-y…

— Écoute voir, on va tourner à droite tout de suite en sortant, because à gauche il y a un troquet dont le loufiat ne me paraît pas catholique bien qu’il soit espago…

— Bien…

Il me suit docilement comme un bœuf qui suit son louchébem jusqu’aux abattoirs du chef-lieu ! Croquignolette, la promenade, je vous l’annonce.



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