La prochaine fois que tu mordras la poussière by Panayotis Pascot

La prochaine fois que tu mordras la poussière by Panayotis Pascot

Auteur:Panayotis Pascot [Pascot, Panayotis]
La langue: fra
Format: epub
Tags: 2023-08-24T15:27:33.729052-04:00 JF
Éditeur: Stock
Publié: 2023-08-23T11:43:16+00:00


Plusieurs mois après cette nuit vertigineuse. L’été, j’ai voulu revoir mes amis. Marseille. Je vais mieux, je retrouve goût à tout. Le soleil, je transpire, j’aime ça. On boit des coups, on nage, la mer qui sèche sur la peau, le sel comme du parmesan râpé sur le front, le sable entre les orteils et les orteils dans les tongs. Puis les serviettes en boule dans le coffre, le siège en cuir qui brûle les cuisses, la musique à fond, les vitres baissées, le vent chaud qui fait danser les cheveux gras. On rejoint des amis d’amis d’ami sur le Vieux-Port, c’est cliché, moi je m’en fous, je veux juste suer encore un peu pour que ce soir, en retirant mon T-shirt, je me dise Ah putain ça c’était une journée de vacances !

Un autre bar, encore des verres, j’ai faim. Ils n’ont que des tartes, ce sera huit parts parce qu’on est huit. Ils prennent pas la carte, j’ai peu de liquide, Mettez-nous deux parts dans ce cas. Plein de cuillères, chacun pioche, ça me dégoûte moins la bave des autres depuis quelque temps. Cerise ou citron.

Il me regarde. Je ne sais pas qui c’est, je trouve qu’il a une tête marrante. Il est petit mais n’a pas l’air de le savoir. Un gros nez, des petites lèvres, les cheveux blonds, les yeux aussi. Il lèche sa cuillère, toujours en me regardant, Je suis pas ta tarte poto, je me dis. Puis je me rappelle que j’aime les hommes, enfin les fourmis du bas du ventre me le rappellent. Je l’ai vu passer à droite à gauche toute la soirée mais là je l’inspecte. Débardeur blanc, muscles tracés, larges mains, aucun tatouage, très peu de sueur, lui il emmerde le soleil apparemment. Est-ce qu’il est beau ? Il se tient debout devant une des tartes sacrées, le gardien de celle à la cerise, et propose au peuple d’y goûter, j’y vais, j’ai peut-être envie de l’essayer, marre du citron. Je le frôle, son gros bras contre mon bras, les fourmis du bas du ventre, ça me va. On parle, il habite ici, à Marseille. Il est danseur, il occupe l’espace, il gagne sa vie en remplissant le vide avec son corps, qu’il me dit. Coïncidence, je l’ai déjà vu danser dans un spectacle à Paris. Je lui raconte, Oh mais c’est fou, le monde est petit ! Mais je ne dis pas que c’était bien, je ne veux pas trop lui donner l’avantage. On s’échange nos numéros comme dans les films. Ou peut-être comme dans la vie ? Comme dans les films.

Les tartes sont dans les ventres, mon pote et moi on rentre, un peu plus tôt que tout le monde mais j’aime bien partir avant de me lasser. On marche. Bah alors le danseur là ? Avec un petit sourire en coin. Depuis le collège je déteste ça, quand les amis essaient de me cerner le cœur en fixant mes joues qui rougissent, je réponds pas.

Rentré à l’hôtel, je retire mon T-shirt.



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