Petites filles perdues by Angela MARSONS

Auteur:Angela MARSONS [MARSONS, Angela]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Belfond
Publié: 2023-04-24T12:10:31+00:00

52

Kim enjamba le cordon de sécurité, montra rapidement son badge et pénétra sur la scène de crime. C’était une allée étroite qui courait entre un supermarché et un magasin de bricolage, le long de Brierley Hill High Street.

Dawson lui barra le chemin. Il était blanc comme un linge.

— Cheffe, elle est dans un état… C’est l’horreur.

— Je suis une grande fille, Kev, rétorqua-t-elle en le poussant.

— Ah, inspectrice ! Il me semblait bien avoir entendu votre douce voix si chaleureuse.

— Keats, je n’ai aucune envie de rire.

Le médecin légiste venait d’arriver à sa hauteur. On aurait dit que tous ses cheveux avaient glissé le long de ses mâchoires pour former une moustache bien nette et un bouc. Il lui tendit des gants de latex bleu identiques à ceux qu’il portait et ouvrit la bouche pour lancer un nouveau trait d’humour quand Bryant intervint.

— Keats, faites-moi confiance, elle n’est vraiment pas d’humeur.

Kim faisait déjà les premières constatations. Elle contourna le photographe de la scientifique pour y regarder de plus près. Le corps formait un angle impossible ; il lui rappelait les silhouettes de ruban blanc utilisées lors des week-ends de murder mystery pour décrire la victime. Au bout du bras droit, étendu au-dessus de la tête, le poignet pointait dans la mauvaise direction. Le bras gauche reposait le long du flanc. L’épaule paraissait beaucoup plus basse que la normale et le plat de la main était retourné. Dans ce visage méconnaissable, l’œil gauche disparaissait sous la chair de la joue et du front, tandis que le droit regardait fixement le ciel. Au milieu, il fallait imaginer un nez brisé d’où partait une traînée de sang qui descendait jusqu’au menton. Des touffes de cheveux blonds étaient dispersées tout autour ; on aurait dit un chien qui avait perdu ses poils.

Kim se releva pour laisser le photographe prendre des gros plans du visage et rejoignit Keats au pied du cadavre.

— À première vue, il y a de multiples fractures. Je dirais au moins quatre.

— Tous les membres ?

Le légiste hocha la tête et désigna la jambe droite. La cheville avait tourné de 180 degrés. Kim approcha d’un pas pour observer la zone où s’arrêtait la traînée de sang. Une fine ligne courait d’une oreille à l’autre. Vu la largeur de la blessure, on avait dû utiliser une lame. Mais Inga n’avait pas été tuée sur place. Ceci n’était pas une scène de crime. Dans le cas contraire, et parce que le tueur l’avait torturée, les cris auraient alerté le voisinage. En fait, on avait traîné le corps depuis un véhicule avant de l’abandonner là.

— Cause du décès ? s’enquit-elle.

Keats haussa les épaules.

— Pas de certitude tant que je ne l’aurai pas ramenée pour un examen détaillé. J’ai pensé que tu voudrais la voir avant.

Il s’approcha du haut du corps et souleva doucement le col de veste qui cachait le cou d’Inga.

— Mon Dieu, fit Kim, atterrée.

Elle compta sept ou huit marques de plus, qui faisaient le tour du cou.

— Des traces de lutte, cheffe ? demanda Bryant en venant se poster à côté d’elle.

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