Le crime parfait d'Agatha Christie by Bénédicte Jourgeaud

Le crime parfait d'Agatha Christie by Bénédicte Jourgeaud

Auteur:Bénédicte Jourgeaud [Bénédicte Jourgeaud]
La langue: fra
Format: epub
Tags: FICTION / Policier et mystère / Général
Éditeur: Moissons Noires
Publié: 2022-10-10T22:00:00+00:00


— C’est inadmissible ! Je veux récupérer jusqu’au dernier cent de ce que m’a coûté ce voyage.

— Je… Je vous assure, Miss Blacklock, cela ne va pas durer plus d’une demi-journée. L’ins… L’inspecteur va très vite trouver l’a… l’assassin et tout va rentrer dans l’ordre. Tout, lui assure ce nouveau George à la voix chevrotante.

À peine sa phrase finie, il se décompose. Ses mains tremblent et des gouttes coulent de son crâne chauve. Peut-être est-il sorti de convalescence de façon un peu prématurée, me dis-je. Le Dr Penrose, qui l’observe d’un air grave, paraît du même avis. Je le vois hésiter à prendre la parole. Lui aussi est inquiet, il n’y a pas de doute là-dessus. De toute façon, il ne faut pas se le cacher : nous sommes tous remplis de doutes. Et vous le seriez aussi. Alors que nous devrions être tranquillement en train d’admirer le soleil couchant, nous sommes face à deux meurtres.

Caroline Hubbard, MacQueen, la femme de chambre… Nos teints livides témoignent de notre ahurissement. Nous sommes même « blancs comme des rideaux de douche ternes et jaunis », écrirait un écrivain en mal de comparaison qui n’y connaît rien dans les couleurs. Seul George et la trace violacée qui lui barre le visage et s’échappe de son cou affiche sa différence. Mais il n’en mène pas plus large.

— Ma cuisinière reste avec moi, quoi qu’il en soit, reprend Letitia Blacklock, s’adressant tout aussi bien à George qu’à l’inspecteur. Je ne supporterai pas d’être, en plus, mise en quarantaine comme une pestiférée…

Sur cette affirmation que personne ne relève, Mitzi, la pauvre cuisinière, change de couleur et se dirige à contrecœur vers la cabine de sa maîtresse et cette dernière referme derrière elle la porte sans plus de cérémonie.

Un silence rempli de sous-entendus règne sur la passerelle. L’inspecteur Craddock m’observe un bon moment et je fais semblant de ne pas remarquer son insistance à me fixer. Puis son regard glisse vers le docteur. L’espace de quelques secondes, j’ai le sentiment que Penrose et Craddock communiquent ensemble secrètement, mais c’est très fugitif. Caroline Hubbard et sa gouvernante, le général MacArthur et Hector MacQueen sont toujours là, eux aussi, sur le seuil de leur cabine, comme au garde-à-vous. Prêts à répondre à n’importe quel ordre comme de bons petits soldats.

À la manière d’un élève modèle, Hector MacQueen lève alors la main.

— Oui, Mr MacQueen. Quelque chose à ajouter ? lui demande l’inspecteur.

— Eh bien, je me disais… Mrs Christie fait un peu partie de la police ?

Craddock fronce les sourcils et fait mine de ne pas comprendre.

— Précisez ? dit-il sèchement à MacQueen.

— Eh bien, Mrs Christie écrit des romans policiers. Elle a l’habitude de démêler des enquêtes, de trouver le nom des meurtriers, reprend le pauvre secrétaire, perdant un peu plus ses moyens.

Je me sens aussi mal à l’aise que lui.

— Sachez, Mr MacQueen, le coupe alors Craddock d’un ton glacé, sachez que Christie, ici présente, est, pour l’heure mon suspect numéro un. Et, dois-je vous le rappeler, nous avons affaire ici à deux meurtres réels et particulièrement cruels.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.