Le petit César by William R. Burnett

Le petit César by William R. Burnett

Auteur:William R. Burnett [Burnett, William R.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier, Littérature américaine
Éditeur: Gallimard
Publié: 1948-02-03T17:47:59+00:00


Cinquième partie

I

Il y avait encore dans la Petite Italie des gens bien renseignés aux yeux de qui la sensationnelle ascension de Rico n’était qu’un bluff. La question avait été sérieusement examinée et quand on le comparait à Nig Po ou à Monk de Angelo, ses prédécesseurs, ce n’était pas à l’avantage de Rico ; certains même le considéraient comme inférieur à Pepi-le-Tueur, Ottavio Vettori ou Joe Sansone. Ceci était dû au fait que Rico était généralement incompris. Il n’arborait aucun des signes extérieurs de la puissance tels que, par exemple, la fougue et le toupet d’Ottavio Vettori, ou encore le caractère maniaque de Joe Sansone. Il était petit, blême et calme. Même avec ses vêtements coûteux, il ne faisait pas beaucoup d’effet. Pas fanfaron pour un sou, il ne se vantait jamais et n’élevait la voix qu’en de rares occasions. En d’autres termes, la plupart des habitants de la Petite Italie n’avaient rien trouvé à exagérer en lui ; ils ne pouvaient pas faire de Rico une figure légendaire car ils étaient incapables d’apprécier ses qualités réelles. La seule chose qui le rachetait à leurs yeux était sa réputation de tueur.

Rico était assez courageux, mais il n’éprouvait pas, comme Kid Bean, le besoin de parler de sa bravoure à tout le monde. Il était rusé, mais ruser n’était pas chez lui une obsession comme chez Sam Vettori. Rico était capable de coups d’audace, mais son audace même n’était pas dépourvue d’une certaine précision et n’avait pas ce caractère impétueux qu’on trouvait chez Ottavio.

Rico, encore que petit et blafard, était résistant à la fatigue, mais cette résistance n’était rien en comparaison de la vitalité surhumaine de Pepi-le-Tueur. La grande force de Rico résidait dans sa simplicité, son énergie et dans la discipline qu’il s’imposait à lui-même.

Les gens de la Petite Italie étaient incapables d’apprécier des qualités aussi abstraites.

En réalité, ceux que l’on considérait comme ses rivaux ne pouvaient lui être comparés. Pepi était fort et courageux, mais incapable de se fixer dans un endroit quelconque, et, d’autre part, il s’adonnait à la drogue. Ottavio Vettori avait de l’intrépidité et du sang-froid, il n’avait peur de rien et tirait juste, mais il était frivole et dissipé, gaspillant son énergie en toutes sortes de folies et courant après toutes 1es femmes qui le regardaient. Joe Sansone, courageux et capable de sang-froid lorsque les circonstances l’exigeaient, était en général trop nerveux et se soûlait périodiquement. Sam Vettori, un homme sur lequel on pouvait compter, autrefois, avait fini par se laisser subjuguer par sa léthargie congénitale et sa passion pour les finasseries ; il était devenu mesquin et avait perdu l’esprit d’initiative qui l’avait porté à la tête de la bande. A présent, il n’était même plus pris au sérieux par ses anciens comparses, et c’était à l’autorité de Rico seule qu’il devait de n’avoir pas complètement sombré dans l’oubli.

D’ailleurs, son cas était étrange et sans précédent dans les annales du banditisme. Dans la Petite Italie, l’abdication n’a cours que dans la mesure où elle est accompagnée d’une fuite précipitée.



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