Le fils du dragon by Jean-Luc Aubarbier

Auteur:Jean-Luc Aubarbier [Aubarbier, Jean-Luc]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman historique, Thriller ésotérique, Cathares, Littérature française
Éditeur: City Edition
Publié: 2023-01-23T14:35:25+00:00

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Arques, le 13 juin 2005.

Raymond Senestre s’était tu, au bout de son long récit. La traduction du texte Renaissance qui racontait l’histoire de Dragonnette et le fragment latin, sa traque par l’inquisiteur Guy de Lasbordes l’avaient abondamment nourri. La petite assemblée l’écoutait, fascinée par sa science des mots et son érudition.

— Ainsi, Dragonnette a quitté la France, près d’un siècle après son arrière-grand-père, poursuivie par son frère, un vrai fou furieux, dit Marjolaine, pour rompre le silence.

— Les manuscrits sont formels, dit l’historien. Mais la fin est plus floue. Dragonnette suit la route des chevaliers de la Cité sainte, on peut supposer qu’il s’agit des templiers espagnols. Puis elle est enlevée par une aile blanche, par-dessus la mer, jusqu’à la Terre Promise. J’ai pensé à Jérusalem, bien sûr, mais les chrétiens usent habituellement des mots Terre Sainte.

— Ce n’est pas non plus la bonne direction, dit Pierre.

— La Palestine, à cette époque, est entièrement occupée par les Turcs ; ils n’acceptaient aucun migrant chrétien, fût-il gnostique. J’avoue que je ne comprends pas. Quand à Pons, son frère, il serait revenu à des pratiques païennes.

— Peut-être un retour au catharisme familial ? dit Pierre. Nous ne connaissons pas les croyances religieuses de ce copiste médiéval, revisité au xvie siècle.

— Au moins, nous savons où chercher, dit Marjolaine. À partir de Lérida, c’est cap à l’ouest.

Ils décidèrent de faire une nouvelle pause et abandonnèrent un instant leur discussion pour se restaurer. Antoine en profita pour développer les clichés de sa victime. Quand il revint, porteur d’images encore humides, Raymond s’en empara et les examina soigneusement une à une. La peau de l’homme avait été marquée à l’encre bleue, de dessins très précis parfaitement identifiables. Sur l’épaule gauche, il portait un corbeau perché sur un bonnet phrygien, sur le torse, un homme à tête de lion, le corps entouré d’un serpent.

— C’est l’insigne du tract que nous avons rapporté de Castelbo, dit la jeune femme, tandis que l’érudit continuait de détailler les tatouages.

— Dans le dos, il porte l’héliodrome sur son char, le front ceint d’une couronne de rayons solaires, poursuivit Raymond, comme s’il identifiait parfaitement les signes étranges. Sur la main droite, un casque et une lance. Le bras droit porte un personnage dressant un flambeau, et sur le gauche, la flamme est abaissée.

Il attendit d’avoir son auditoire sous sa coupe, avant de conclure :

— Cet homme se lit comme un livre. Mais le plus curieux reste à venir : cette tête de taureau située sur la nuque.

— De quoi s’agit-il ? demanda Marjolaine avec impatience.

Cet homme qu’elle avait vu tomber du haut de la falaise, fauché par le tir d’Antoine, apparaissait soudain comme une forme menaçante surgie d’un cauchemar.

— Cet individu a été initié au culte de Mithra, dit sentencieusement l’historien. Une des plus anciennes religions du monde.

— Mais… c’est impossible, dit Marjolaine en se remémorant le discours du même historien, trois semaines plus tôt. Tu nous as dit qu’elle avait disparu depuis quinze siècles !

— Il faut croire que non.

Devant l’assistance médusée – à part les deux archéologues, personne ne savait de quoi il parlait –, Raymond se mit à déclamer.

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