La Lionne by François Dupaquier

La Lionne by François Dupaquier

Auteur:François Dupaquier [Dupaquier, François]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier, Espionnage, Terrorisme, Irak, Moyen-Orient, Littérature française
Google: UCu8EAAAQBAJ
Éditeur: Flammarion
Publié: 2023-05-22T22:00:00+00:00


XX

Me rappellerai-je le cours des rivières,

Les drames, les fleuves et les pierres,

De cette terre qui me fit naître ?

Plutôt que de rejoindre la voie principale, la voiture quitta le camp par de petits axes secondaires qui serpentaient entre des villages presque vides. Après une demi-heure sur des routes délabrées, Tara et Sherwan gagnèrent une plaine aride. Elle était parcourue de canaux d’irrigation qui délimitaient de grandes parcelles brûlées par le soleil.

— Ici, il y a de l’eau, ils cultivent le coton, précisa Sherwan.

Par endroits, des bâtiments détruits répandaient leurs gravats sur le sol, percés par des tirs d’artillerie. Les zones que traversait la voiture avaient été contrôlées par Daesh en 2014, quand le groupe islamiste était remonté vers le Kurdistan irakien. Beaucoup d’habitants n’étaient jamais revenus vivre dans la région. Leurs maisons étaient comme ils les avaient laissées, les ruines et les pillages en plus. Les terres agricoles n’étaient plus que poussière sans l’eau de l’irrigation. De nombreux terrains étaient encore pollués par les mines de Daesh et les restes d’explosifs. La vie avait disparu avec la guerre.

— Sans l’intervention aérienne de la coalition internationale, les djihadistes seraient remontés jusqu’à Erbil, expliqua Sherwan avant de s’arrêter au bord de la route à quelques centaines de mètres de l’entrée d’un gros bourg.

Il lui désigna par la fenêtre un bâtiment en ruines.

— Tu vois cet immeuble en béton là-bas ? C’est l’ancien hôpital. Des snipers de Daesh s’étaient réfugiés en haut. Ce sont vos Rafales français qui les ont bombardés. Là, plus loin, c’est la route principale pour Shingal. Mais il y a un check-point de l’armée irakienne. Sans autorisation spéciale, tu n’as pas le droit d’aller à Sinjar. Nous allons passer par un autre endroit.

Sherwan s’engagea sur la route principale avant de tourner sur un chemin de terre troué d’ornières. La voiture bringuebalait de droite et de gauche sur ses suspensions. Tara se tenait comme elle le pouvait pour ne pas se cogner la tête contre la cabine. Les zones qu’ils traversèrent semblaient complètement vides. Seuls des bosquets d’épineux croissaient çà et là. Des oueds à sec formaient des cicatrices profondes sur le sol. Au loin, Tara aperçut une colonie de dromadaires.

— Il y a des chameaux ! s’amusa-t‑elle.

— Oui, ce sont des Bédouins. Ils vivent entre ici et la Syrie. La frontière est toute proche.

— Sherwan, là, devant ! s’exclama soudain Tara.

Dans la lumière éblouissante de midi, deux hommes armés de kalachnikovs apparurent sur la route entre deux barils à essence cabossés, à cinquante mètres devant eux.

— J’ai vu, ne t’inquiète pas, ça va aller, la rassura Sherwan en ralentissant.

Les soldats portaient le grand pantalon bouffant des hommes kurdes enfoncés dans leurs hautes chaussures militaires. Ils ressemblaient à des fantassins ottomans tout droit sortis d’une gravure à l’eau-forte jaunie par le temps. Pour se protéger du soleil, leurs têtes étaient entourées d’un foulard vert aux motifs de fleurs colorées. En s’approchant, Tara vit qu’il s’agissait en réalité d’un homme et d’une femme. Elle surtout avait un air sévère, la peau lisse et tannée entre des rides profondes.



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