Péril humain by Stéphane Desienne

Auteur:Stéphane Desienne [Desienne, Stéphane]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Publié: 2016-06-22T22:00:00+00:00

4- Disparition

Mégatransporteur GénoSaran – Hors Collectif

Son enfance, Joana l’avait passée dans les rues d’une ville qui ressemblait à une sorte de théâtre, une commedia dell’arte à ciel ouvert. Tous les jours, les quartiers de Naples étaient le lieu de rencontres entre voisins, rivaux, commerçants et colporteurs de commérages. Des dizaines de conversations se tenaient aux carrefours, dans les halls des immeubles, sur le pas des portes, à même les trottoirs où les habitants se partageaient les potins. Il y régnait une ambiance particulière, oppressante ou rassurante. De cette expérience de gamine, elle en avait déduit une chose très simple : lorsque deux adultes discutaient ensemble, il était soit question de sexe, soit de jacqueter sur une personne ou une autre. Il lui parut peu probable que la première option fut applicable au Révérend et à Jon, en train d’échanger quelques propos à l’écart, tout en demeurant visibles.

L’alien le lui avait révélé : elle portait l’antidote. Il s’agissait d’une information qu’elle ne pouvait pas se permettre de partager. Du moins, pas dans l’immédiat. Elle deviendrait instantanément un enjeu central que se disputeraient les groupes rivaux dont elle visualisait les clivages. Qui la contrôlait, contrôlerait le destin de millions sinon de milliards d’individus. En matière de fardeau, difficile de faire plus lourd.

— J’ai du mal à comprendre ce que vous faites parmi nous, remarqua Masters attablé à côté d’elle.

Elle ne savait pas ce qu’il y avait dans le bol qu’il tenait entre ses mains, mais cela sentait rudement bon.

— Toutes les personnes réunies ici étaient sous le dôme de Dubaï, reprit-il. Sauf vous. Pour quelle raison les aliens vous ont-ils embarquée avec nous ?

— Je l’ignore. Vous l’avez dit vous-même : nul ne peut deviner leurs intentions. En dehors de nous capturer et de…

Joana soupira, sans achever sa phrase.

— Elaine m’a confié que vous étiez dans une sorte de sarcophage cryogénique.

— Elle m’a ranimé, précisa la Napolitaine, elle m’a ramené à la vie sur la plateforme pétrolière. Est-ce que je dois l’en remercier ou la maudire ? Vous en pensez quoi ?

Elle nota le discret pincement de sa lèvre inférieure. Ils avaient tous vécu des moments durs qu’il se fût agi de la perte de proches ou de donner la mort pour se défendre.

— J’en sais rien, lâcha-t-il.

Au sas d’entrée de leur secteur, elle devina la silhouette du biologiste.

— Que fait-il ?

Le colonel pointa sa cuillère dans sa direction :

— Il est doué pour comprendre des trucs. Plus que la plupart d’entre nous ici. Comme vous l’avez dit : il faut essayer. Peut-être qu’on finira par découvrir une faille, un moyen de se tirer d’ici. La nourriture a beau être bonne, ça reste quand même une prison avec des murs de métal.

Joana lui sourit :

— Je suis heureuse de vous l’entendre dire. Qu’en pense Elaine ?

— Je crois qu’elle attend un signe des aliens. Cela dit, elle a raison : on ne parviendra pas à quitter ce vaisseau seuls. Nous aurons besoin de l’aide de ces créatures. Nous dépendons d’eux pour tout, même pour nous nourrir.

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