Monte cassino by Sven Hassel

Auteur:Sven Hassel [Hassel, Sven]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Presse Pocket (1966) ch
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

Il resta là tout seul, tandis que les balles traçantes donnaient à la pleine nuit la clarté du jour.

— Il est fou, murmura un moine au lieutenant Frick. Faites-le entrer !

Porta se leva, mitrailleuse légère dans les bras. Il mania un peu maladroitement la bande de cartouches, puis posa soigneusement son haut-de-forme à côté de lui et ajusta son monocle cassé.

— Feu ! commanda-t-il. Il vacilla sous le recul brutal de la mitrailleuse. Celle-ci cracha de l’acier brûlant contre les Jabos qui piquaient.

« Charley, Charley, je te salue, vieux frère ! » Il plissait le nez. Ses yeux riaient.

Était-il saoul, cinglé ou les deux à la fois ?

Il avait mis en place une nouvelle bande de cartouches et s’appuyait contre les restes d’un camion.

Une grenade lumineuse, lancée par un Halifax, enveloppa tout d’une lumière blanche. C’était comme une auréole autour de la montagne sacrée.

La place était criblée du feu des canons des Jabos et des Mustang.

— Porta, cria le Vieux, hors de lui, ils vont te tuer. Tu ne peux pas t’en sortir.

— Qu’on aille chercher le cinglé, ordonna un officier de l’armée de l’Air. Trois jours de perm’ pour celui qui y va !

Une nouvelle grenade lumineuse brilla dans le ciel noir. Un peu au nord un cyprès étincela.

Porta but une gorgée de sa gourde et alluma une cigarette. Puis il écarta les affûts de sa mitrailleuse, corrigea l’appareil de visée et éclata d’un rire de pochard.

— Hello Charley ! tu viens ? Je t’attends.

On aurait pu croire qu’il était en liaison directe avec les pilotes ennemis. Le premier avion surgit dans un vrombissement terrible. Une bombe explosa comme un coup de tonnerre. L’appareil oscilla et décrivit une courbe, sous l’aile gauche, de longues flammes jaillissaient.

— Bonne nuit, Charley, merci pour le combat ! brailla Porta qui se livra à une danse guerrière autour des débris de son camion.

Deux avions arrivèrent l’un après l’autre. Les bombes explosaient. Une mer de feu nous cacha Porta, mais on le vit émerger d’un nuage de fumée, indemne, plié de rire, la mitrailleuse toujours dans les bras.

Il tournoya en sautillant. Deux secondes plus tard il dirigeait le canon de son arme contre le Mustang. Puis il tira sur le collecteur d’échappement.

Une explosion effroyable. Porta avait dû toucher la bombe amarrée sous la carlingue. L’appareil fut pulvérisé, littéralement réduit en poussière.

— Bonne nuit, Charley, cria de nouveau Porta. J’enverrai une carte postale à ta mère !

— Il est fantastique, s’écria un officier de paras. Qui est ce type ? Un démon ? Un fantôme ?

— Un soldat inconnu qui a bu trop de schnaps et qui croit que la guerre, c’est un jeu, répondit le Vieux.

— Il va se faire tuer !

Un personnage gigantesque sortit des pins, traîna un projecteur. Un travail pour lequel on utilise normalement une grue. Deux hommes restés dans l’ombre étaient en train de poser des câbles. Petit-Frère leur vint en aide. Sans égard pour les obus explosant autour d’eux, ils se saluèrent, puis se serrèrent la main en soulevant leur chapeau.

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