Le Silence by Don DeLillo

Le Silence by Don DeLillo

Auteur:Don DeLillo [DeLillo, Don]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature américaine, Science-Fiction
Éditeur: Actes Sud
Publié: 2020-01-11T09:14:15+00:00


6

Compter à rebours de sept en sept dans un avenir qui prend forme trop tôt.

Il y avait six bougies placées en différents en­­droits du salon et Diane venait d’allumer la der­­nière.

Elle dit : “Est-ce qu’on est dans une situation où on doit réfléchir à ce qu’on va dire avant de parler ?

— La pénombre. C’est quelque part dans la conscience collective, dit Martin. Le temps d’arrêt, l’impression de déjà-vu. Une espèce de panne naturelle ou d’intrusion étrangère. Un sens du qui-­­vive hérité de nos grands-parents, arrière-grands-­­parents ou bien au-delà. De gens aux prises avec une menace sévère.

— C’est ce qu’on est ?

— Je parle trop, dit-il. Je mouline de la théorie et de la conjecture.”

Le jeune homme se tenait devant la fenêtre et Diane se demanda s’il projetait de rentrer chez lui dans le Bronx. Elle songea qu’il lui faudrait faire tout le trajet à pied, traverser East Harlem jus­­qu’à l’un des ponts. Est-ce que les piétons avaient le droit de les emprunter ou étaient-ils uniquement réservés aux voitures et aux autobus ? Est-ce que quelque chose fonctionnait encore normalement là-bas ?

Elle s’adoucit à cette idée et se dit qu’elle pourrait peut-être lui proposer de rester dormir. Le canapé, une couverture, rien de bien compliqué.

Cuisinière morte, réfrigérateur mort. La température qui commence à baisser entre les murs. Max Stenner était sur son siège, les yeux sur l’écran noir. On aurait dit que c’était à son tour de parler. Elle le sentit, fit un signe de tête et at­­tendit.

Il dit : “Mangeons quelque chose, maintenant. Sinon tout sera trop dur, trop mou, trop chaud, trop froid, que sais-je.”

L’idée les traversa. Mais personne ne fit un mouvement en direction de la cuisine.

Puis Martin dit : “Football.”

Comme pour rappeler la manière dont cette longue après-midi avait commencé. Puis, dans un geste étrange pour quelqu’un de son genre, il adopta, au ralenti, la posture du joueur qui lance le ballon, corps en position, bras gauche en avant, pour assurer l’équilibre, bras droit en arrière, ballon en main.

D’un côté Martin Dekker et là-bas, à l’autre bout de la pièce, Diane Lucas, décontenancée par cette apparition.

Il avait l’air perdu dans la posture mais finit par reprendre sa contenance naturelle. Max était retourné à son écran noir. Les pauses dans la conversation se muaient en silences et commençaient à donner l’impression d’une fausse normalité. Diane présumait que son mari allait se resservir un whisky mais ça ne l’intéressait pas, pour le moment en tout cas. Tout ce qui était simple et affirmatif, où tout cela était-il passé ?

Martin demanda : “Est-ce qu’on vit dans une réalité improvisée ? Est-ce que j’ai déjà parlé de ça ? D’un futur qui n’est pas censé se matérialiser encore tout de suite ?

— Une centrale électrique est tombée en panne. Voilà tout, dit-elle. Considérons la situation dans ces termes. Une installation quelque part sur l’Hudson River.

— Une intelligence artificielle qui trahit ce que nous sommes et la manière dont nous vivons et pensons.

— Retour de la lumière, retour du chauffage, retour



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.