Le crime de la tour K by Franck Linol

Auteur:Franck Linol [Linol, Franck]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier, Terrorisme, Islamisme, Littérature française
Éditeur: Le geste noir
Publié: 2018-05-15T04:00:00+00:00

* * *

4. Voir Le Vol de l’ange (2013).

XIX

Dumontel expliqua à Marval dans quelles circonstances il avait connu ce garçon.

— Je me souviens… l’affaire du fourgon de la Brank’s.

— Exact.

— Vous avez eu des nouvelles de Keller ?

— Non, il est peut-être mort en plongeant dans la Tamise. Mais j’en doute, on aurait retrouvé son corps.

Les deux flics marchèrent au pied des tours. La vie semblait normale. Pas de guetteurs ni de dealers qui stationnaient sur les marches des halls d’immeuble.

Un rayon de soleil chaleureux avait réussi à déchirer la couverture nuageuse.

Dumontel fut surpris par cette soudaine lumière blanche de juin. Une clarté aveuglante qui inondait les rues. Le commissaire leva la tête et aperçut comme un vaste champ bleu. Il pensa au tableau de Sisley : Soleil de juin. Mais le peintre impressionniste aurait-il peint les mêmes tableaux dans un tel univers de béton ? Quant à lui, il n’avait pas vu sa mère depuis trop longtemps, il faudrait penser à lui rendre visite. Elle aussi réussissait les ciels à merveille.

— Ouhhh, que ça fait du bien cette chaleur ! Enfin ! Je me sens revivre, dit Marval.

Ils traversèrent la rue et se retrouvèrent au pied de la tour G.

— On va où ?

— Chez les parents de Khaled, répondit Dumontel.

Cinquième étage. Marval sonna. La porte s’entrouvrit.

— Ah, c’est encore vous !

Mme Boukhari ne semblait guère apprécier l’arrivée inopinée des deux flics.

— Bonjour, on aimerait vous poser d’autres questions… peut-on entrer ?

Sans rien dire, elle s’effaça. Toujours la même télé qui braillait. Ils s’installèrent dans le salon. Cette fois-ci, la mère de Khaled était seule.

— Alors, et le corps de mon fils ? dit-elle sur un ton peu amène.

— Le corps de Khaled… Pour l’instant, rien de nouveau, madame Boukhari.

La femme maugréa en arabe.

— Combien avez-vous d’enfants ? demanda Dumontel.

— Trois.

— Comment s’appellent-ils ?

— Il y a Ahmed et puis… Chaïma.

— Chaïma… celle qui est partie avec un kafir ?

— Oui, elle est partie.

— Depuis combien de temps ?

La femme semblait mal à l’aise.

— Je ne sais pas, huit jours peut-être.

— Et… où est-elle allée ?

— Je ne sais pas.

La femme baissa la tête.

— Vous avez le nom de celui avec qui elle est partie ?

Marval ne s’était pas assis. Il était resté en retrait, debout contre le chambranle de la porte du salon.

— Non, je ne peux rien dire.

Dumontel soupira longuement.

— Madame Boukhari, vous devez nous aider, vous devez nous dire la vérité.

— Oui, je sais, mais je ne vois pas ce que vos questions ont à voir avec la mort de Khaled.

— C’est à nous d’en juger. Alors ?

— Je ne peux rien vous dire.

Mme Boukhari se mit à pleurer.

— Pourquoi vous ne pouvez-pas me dire la vérité ?

La mère de Khaled se leva et se réfugia dans la cuisine, signifiant aux flics qu’elle n’ouvrirait plus la bouche.

Dumontel fit un signe de tête à Marval. Puis ils se dirigèrent vers la sortie.

— Au revoir, madame…

Pendant la descente des cinq étages, Marval souhaita qu’on éclaire sa lanterne.

— Je ne sais pas pourquoi elle se mure dans le silence comme ça, Dany.

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